Désert alimentaire, niveau socio-économique et métabolisme gestationnel

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude américaine confirme qu’avoir un niveau socio-économique bas ou le fait de vivre dans un désert alimentaire (difficulté à se procurer des aliments frais) est associé à des paramètres métaboliques défavorables chez les femmes enceintes. 

  • Le statut socioéconomique n’influence pas la glycémie gestationnelle une fois ajusté sur la sévérité du désert alimentaire, malgré son association au degré d’adiposité et de consommation d’une alimentation pro-inflammatoire. 

  • Si vivre dans un territoire désavantagé est associé au statut socioéconomique, ces concepts ne sont pas totalement équivalents. Ceci pourrait s’expliquer par l’absence de prise en compte simultanée du statut socioéconomique et de l’appartenance à un désert alimentaire dans ces derniers.

Pourquoi est-ce important ?

L’accès à une alimentation saine et équilibrée favorise une bonne santé métabolique, notamment au cours de la grossesse. Or, il a été décrit que les personnes ayant un niveau socio-économique faible tendent à avoir une nutrition de moins bonne qualité. Par ailleurs, le fait de vivre dans un désert alimentaire, c’est-à-dire un territoire dans lequel il est difficile de se procurer une alimentation saine, favoriserait une alimentation moins favorable pour la santé. Or, il existe une interaction entre le fait de vivre dans un désert alimentaire et celui d’avoir un niveau socio-économique bas. Ces deux types d’association sont néfastes pour la santé métabolique de la femme enceinte. Il était toutefois intéressant d’évaluer dans une même étude si ces deux paramètres ont tous deux une influence indépendante et si l’ampleur du désert alimentaire influence la relation entre niveau socio-économique et métabolisme.

Cette étude est utile car elle permet d'identifier les personnes les plus susceptibles de présenter un risque métabolique durant la grossesse et de mieux appréhender auprès de qui développer des interventions spécifiques (jardins communautaires, formation/éducation à la préparation des aliments implantations d'épiceries ou de supermarchés…).

Méthodologie

Cette étude a été menée dans l’Orégon (USA) à partir d’une cohorte de femmes enceintes de 18 à 40 ans, recrutées et suivies de façon prospective entre 2018 et 2021. Le test de tolérance au glucose par voie orale, le pourcentage d’adiposité et les informations sur la nature de l'apport nutritionnel des participantes ont été obtenus au cours du deuxième trimestre de grossesse. 

Principaux résultats

Au total, l’étude a recruté 302 femmes (âge moyen 31,94 ans). Un score élevé de gravité du désert alimentaire était associé à une plus grande adiposité et à un niveau socio-économique plus faible. Parallèlement, un statut socio-économique bas était associé à un niveau socio-économique faible, une plus grande adiposité et une alimentation pro-inflammatoire. La gravité du désert alimentaire influençait significativement la relation entre le fait d’avoir un statut socio-économique bas et l’ampleur de l’adiposité au cours du deuxième trimestre de grossesse. 

Lorsque le modèle statistique visait à tester l’hypothèse selon laquelle la sévérité du désert alimentaire médie de façon significative la relation entre le niveau socioéconomique et le métabolisme gestationnel (par régression des paramètres métaboliques sur le niveau socio-économique et la sévérité du désert alimentaire), le fait d’avoir un niveau socioéconomique faible était associé à un score élevé de sévérité du désert alimentaire, à une adiposité accrue et à une alimentation plus pro-inflammatoire. En revanche, il n’était pas associé au contrôle de la glycémie.