Dépression post-AVC : de l’importance de dépister tôt
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
- Une revue de la littérature et méta-analyse américaine indique qu’une dépression survient dans l’année suivant un AVC dans 27% des cas, un chiffre stable par rapport aux études plus anciennes.
- Dans plus de deux tiers des cas, la survenue est précoce (dans les 3 mois suivant l’AVC), et les patients concernés ont un risque plus élevé de dépression persistante.
- Ces résultats soulignent la nécessité d’un suivi clinique ciblé sur ces patients et d’interventions personnalisées de façon à pouvoir améliorer leur évolution.
Pourquoi est-ce important ?
La dépression est une complication psychiatrique fréquente après un AVC. Plusieurs recommandations préconisent de la dépister de façon systématique, mais les méta-analyses existantes n’avaient pas décrit de façon précise l’histoire naturelle de la maladie après l’AVC, notamment en termes de chronicité, de guérison, d’incidence et d’incidence cumulée. Et les données manquent pour déterminer le moment le plus pertinent pour réaliser ce dépistage et identifier les sujets à qui proposer un programme de réadaptation pertinent. C’est donc ce que s’est proposée de faire cette revue systématique et méta-analyse américaine.
Méthodologie
La revue de la littérature a inclus les études observationnelles ayant évalué la dépression après un AVC chez des sujets adultes. Puis une méta-analyse a estimé la prévalence poolée de la dépression en fonction de son mode de diagnostic (entretiens cliniques ou échelles d’évaluation). Dans un second temps, ces études ont été utilisées pour colliger les données concernant l’histoire naturelle de la maladie, l’incidence cumulée à 1 an post-AVC et la proportion de dépression ayant débuté dans les 3 mois suivant l’AVC.
Principaux résultats
Au total, 77 études représentant 27.401 participants issus de 28 pays, ont été incluses dans la méta-analyse de prévalence. Vingt et une d’entre elles avaient eu recours à un entretien clinique pour établir le diagnostic de dépression, dont 20 par le DSM (Diagnostic and Statistical Manual). Les autres l’avaient diagnostiquée via une échelle d’évaluation, Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS) le plus souvent.
Sur les données poolées, la prévalence globale de dépression, tous points de mesure confondus, était de 27% [25-30]. Elle était de 30% [24-36] au cours du premier mois post-AVC, de 27% [24-30] entre 1 et 6 mois, et de 22% [18-26] de 6 mois à 1 an, puis de 29% [22-35] au-delà.
Lorsqu’elle était diagnostiquée à partir d’entretiens cliniques, la prévalence de dépression était de 24% [21-28] et de 29% [25-32] lorsqu’elle l’était à partir d’échelles d’évaluation, suggérant une surestimation modeste par ces dernières. Les chiffres étaient similaires dans les différentes populations de patients (population globale, patients hospitalisés ou en centre de réadaptation) et dans les pays développés ou en développement.
L’histoire naturelle de la maladie a pu être étudiée à partir des résultats de 24 études : parmi les patients dont la dépression était survenue dans les 3 mois suivant l’AVC, 53% [47-59] avaient une dépression persistante et seuls 44% [38-50] en étaient guéris à 1 an.
L’incidence des dépressions tardives (survenues entre 3 à 12 mois post-AVC) était de seulement 9% [7-12]. Et l’incidence cumulée à 1 an était de 38% [33-43], plus des deux tiers des cas (71% [65-76]) survenant au cours des 3 premiers mois post-AVC.
Limites
La plupart des études incluses excluaient les patients atteints d’aphasie sévère, ce qui a pu impacter les estimations de prévalence de dépression.
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