Dépistage organisé, opportuniste, ou absence de dépistage pour le cancer du sein : ça change quoi en termes de survie ?
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- Il y aurait une réelle perte de chance de survie pour les femmes qui réalisent seulement à un dépistage opportuniste mais qui ne participent pas au dépistage systématique du cancer du sein.
- Il est d’autant plus important de repérer les femmes qui ne réalisent pas de dépistage ou seulement un dépistage opportuniste et qui ont un niveau de défavorisation important.
- Les auteurs concluent que « La survie nette à 5 ans était significativement plus importante chez les femmes qui avaient participé au dépistage organisé (97%) et opportuniste (94,1%), par rapport à celles qui n’avaient aucun dépistage ou mammographie de surveillance (78,1%). »
Pourquoi est-ce important ?
Alors que les recommandations Européennes ciblent 70% de participation au dépistage organisé du cancer du sein, en France ce taux n’atteint pas 50%. Au niveau national, il est particulièrement difficile d’identifier les femmes qui ne participent pas au dépistage organisé du cancer du sein mais qui réalisent des dépistages opportunistes. Ne pas prendre cette variable en considération, revient à risquer de surestimer la survie des femmes qui ne participent à aucun type de dépistage. D’où l’intérêt de cette étude.
Méthodologie
La population incluse a été identifiée à partir des données de 3 registres du cancer en France. Ces données ont ensuite été croisées avec les données du Système National des Données de Santé (SNDS) afin d’identifier les différents types de dépistage associés à chaque femme.
L’indice Européen de défavorisation (EDI pour European deprivation index) a été utilisé pour déterminer les inégalités sociodémographiques des femmes. L’objectif de cette étude était d’évaluer la survie post-cancer en fonction du type de dépistage réalisé (organisé, opportuniste ou absence de dépistage) tout en tenant compte des inégalités socio-démographiques.
Principaux résultats
Après avoir croisé les données de femmes âgées de 50 à 74 ans ayant reçu un diagnostic de cancer du sein entre 2009 et 2015 (identifiées par les registres du cancer) avec les données des centres de dépistage du cancer du sein et du SNDS, 14.208 femmes ont été incluses dans l’étude. Parmi elles, 75% avaient participé au dépistage organisé, 10% avaient eu une surveillance par dépistage opportuniste et 15% n’avaient participé à aucun dépistage.
Ces dernières avaient 62 ans d’âge moyen au moment du diagnostic, alors que celles qui avaient eu des dépistages opportunistes étaient un peu plus jeunes. Parmi celles qui n’avaient jamais participé au dépistage, la proportion de femmes défavorisées était plus importante que dans les autres groupes (14,5% versus 11,2%).
La probabilité de survie nette à 5 ans était plus importante chez les femmes qui participaient au dépistage organisé (97,0%) par rapport à celles qui réalisaient des dépistages opportunistes (94,1%) ou qui ne participaient à aucun dépistage (78,1%).
Les caractéristiques des tumeurs étaient moins favorables dans le groupe de celles qui ne bénéficiaient d’aucun dépistage, avec 95,7% de tumeurs invasives et 19,0% de stade métastatique au diagnostic, versus 85,3% et 3,8% pour les dépistages opportunistes, et 88,3% et 1,8% les dépistages organisés.
Aucune différence de survie nette à 5 ans n’a été mise en évidence en fonction du niveau de défavorisation pour les femmes qui participaient au dépistage systématique. En revanche, les probabilités de survie diminuaient avec l’augmentation du niveau de défavorisation faisant perdre aux femmes les plus défavorisées plusieurs points de pourcentage de survie nette à 5 ans (variation de 97,4% à 90,5% pour les femmes du groupe dépistage opportuniste et de 81,5% à 71,3% pour celles ne participant à aucun dépistage).
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