Cyanobactéries, une menace écologique et sanitaire

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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Présentes dans le monde entier depuis deux à trois milliards d’années, les cyanobactéries prolifèrent actuellement à un rythme inquiétant dans les lacs, étangs et certains cours d’eau peu profonds. La responsabilité du changement climatique est en discussion, mais les conséquences écologiques, sanitaires et économiques sont avérées. En effet, leur concentration élevée peut désoxygéner l’eau, entraînant une mortalité massive de poissons et d’invertébrés. Leurs toxines peuvent être une menace pour la santé de l’homme et des animaux, soit par ingestion directe d’eau contaminée, soit par contact direct (par exemple, les eaux de baignade) ou indirect (consommation de denrées végétales ou animales contaminées). Enfin, en provoquant une coloration de l’eau en rouge ou vert et en dégageant de mauvaises odeurs, elles compromettent les activités aquatiques comme la baignade, le nautisme ou la pêche.

Quelle que soit la voie d’exposition, les symptômes les plus fréquents sont gastro-intestinaux, des épisodes fébriles et des irritations cutanées. L’ingestion ou l’inhalation de cyanobactéries peut provoquer une hépato- ou une neurotoxicité. L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) indique qu’en France, « 95 cas d’intoxication humaine par des cyanobactéries ont été recensés par les centres antipoison entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2018. Ce nombre est probablement très sous-estimé du fait d’un manque de connaissance de ce phénomène par le grand public et de symptômes peu spécifiques, qui de plus peuvent disparaître rapidement et ne font pas nécessairement l’objet d’un signalement. » En France, aucune intoxication humaine létale associée aux cyanotoxines n’a été enregistrée à ce jour, notamment grâce aux contrôles sanitaires régulièrement effectués, mais les décès de chiens attribués aux cyanotoxines augmentent depuis 2005.

En France, les cyanobactéries prolifèrent entre mai et octobre. La seule façon de protéger les écosystèmes dans les eaux de surface est de réduire les apports de phosphore et d’azote, nécessaires au développement des cyanobactéries planctoniques (qui vivent à la surface de l’eau). La lutte contre la prolifération des cyanobactéries benthiques (qui vivent au fond de l’eau) est plus difficile, car les connaissances sont plus limitées.

Quelques conseils pour éviter une intoxication aux cyanobactéries :

  • Étêter et éviscérer les poissons avant de les consommer (ou avant de les congeler).

  • Ne pas consommer entiers les petits poissons d’eau douce (fritures).

  • Limiter au maximum la consommation de poissons en provenance de milieux régulièrement concernés par des proliférations de cyanobactéries.

  • Surveiller les jeunes enfants pour éviter que ceux-ci jouent avec les amas de cyanobactéries accumulées en surface, sur les rives, les pierres et les cailloux en bordure de plans d’eau et de cours d’eau.

  • Tenir les chiens en laisse pour ne pas les laisser accéder aux plans et cours d’eau.