Crohn : preuve de concept de l’intérêt d’un régime d’exclusion alimentaire chez l’adulte

  • Yanai H & al.
  • Lancet Gastroenterol Hepatol

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • Selon une étude pilote, un régime d’exclusion alimentaire (CDED) seul ou associé à la nutrition entérale partielle permet de contrôler la maladie de Crohn pour une majorité des patients inclus, qui souffraient de forme légère à modérée. Plus de 60% ont atteint une rémission clinique à 12 semaines, et 50% à la semaine 24, avec une diminution significative des taux de protéine C-réactive (CRP) et de calprotectine à 12 semaines. De plus, 80 % de ceux ayant une rémission à 6 semaines l’avaient maintenu à 24 semaines. Le fait d’associer la nutrition entérale partielle au CDED ne modifiait pas statistiquement les résultats au cours de l’étude. Aussi, un tel régime d’exclusion alimentaire pourrait constituer une alternative avant d’envisager l’initiation d’un traitement pharmacologique.

Le régime d'exclusion alimentaire de la maladie de Crohn (CDED) est une approche diététique qui vise à éliminer les aliments qui peuvent conduire à des manifestations pro-inflammatoires. Chez les enfants atteints de maladie de Crohn modérée à sévère, cette alimentation associée à de la nutrition entérale partielle permet d’obtenir et de maintenir le contrôle de la maladie et la rémission endoscopique de façon comparable à ceux observés sous nutrition entérale exclusive. Le Lancet Gastroenterology and Hepatology vient de publier les résultats de la première étude prospective menée chez les adultes sur le sujet.

Méthodologie

L’étude a été menée dans trois hôpitaux israéliens auprès de patients âgés de 18 à 55 ans qui présentaient une maladie de Crohn active légère à modérée et diagnostiquée depuis moins de 5 ans. Ils ont été randomisés entre le régime d’exclusion seul ou associé à une nutrition entérale partielle, et ce durant 24 semaines.

Le CDED comportait deux phases : durant la première phase (6 semaines), l’alimentation pouvait comporter du blanc de poulet, des œufs, certains fruits et légumes et une alimentation entérale partielle. Durant la phase 2 (6 semaines), quasiment tous les fruits et légumes pouvaient progressivement être consommés, associés à des quantités limitées de bœuf et de légumineuses, et d'une tranche de pain complet par jour. Enfin, dès la semaine 13, une nouvelle adaptation de l’alimentation était planifiée (semaine et week-end avec des préconisations sur les différents groupes d’aliments). Le suivi a consisté à mesurer l’activité de la maladie et à évaluer le taux de patients atteignant la rémission clinique durant 24 semaines.

Principaux résultats

L’étude a inclus 44 patients répartis entre les deux groupes. À la 6e semaine, 68% du groupe CDED+nutrition entérale et 57% de ceux du groupe CDED seul ont atteint la rémission clinique (score Harvey-Bradshaw), sans différence statistique entre les deux groupes. Pour ceux qui avaient atteint la rémission clinique, celle-ci était maintenu à S12 pour 88% d’entre eux. Enfin à 24 semaines, le taux de rémission clinique était de 53% et 46% respectivement, sans différence statistique.

À 12 semaines, le taux de patients atteignant la rémission sans recours aux corticoïdes était respectivement de 53% et de 56% dans les groupes CDED+nutrition entérale et CDED. À 24 semaines, ces chiffres atteignaient respectivement 60% et 48%, sans différence statistique entre les deux bras.

Le score Harvey-Bradshaw avait bien diminué durant les 24 semaines de l’étude. De même, le taux de protéine CRP médian de l’ensemble de la population est passé de 14,5 mg/L à 8,4 mg/L à S6 et 8,0 mg/L à S24, sans différence entre les deux groupes. Parallèlement, le taux médian de calcoprotectine de la population a diminué de 262 à 97 pg/g entre l’inclusion et S12, sans différence entre les deux bras.

Financement

L’étude a été sponsorisée par Nestlé Health Science.