Critères prédictifs de la rechute d’une maladie de Crohn à l’arrêt d’un anti-TNF

  • Pauwels RWM & al.
  • Clin Gastroenterol Hepatol

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

De nombreux cliniciens aimeraient bénéficier d’un outil simple permettant de prédire le risque individuel de rechute à l’arrêt d’un traitement par anti-TNF chez les patients atteints de maladie de Crohn (MC). 

Une méta-analyse a évalué plusieurs facteurs prédictifs du risque de rechute à partir des données individuelles de 1.317 sujets. Les enseignements sont les suivants :

  • Le risque global de rechute serait de 38% à 1 an et de 52% à 2 ans.
  • la localisation de l’atteinte, l’âge du sujet au moment du diagnostic et à l’arrêt de l’anti-TNF, sa nature, la durée de la maladie, le tabagisme et le taux de protéine C réactive pourraient être des facteurs de risque de rechute.

Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?

En dépit de son bénéfice sur la maladie de Crohn, l’utilisation à long terme d’un anti-TNF n’est pas dénuée d’effets indésirables et d’un risque accru de cancer. L’arrêt d’un traitement par anti-TNF reste une décision difficile en pratique clinique et les facteurs prédictifs du risque de rechute peuvent être insuffisamment pris en considération. Bien que plusieurs études se soient déjà intéressées à ce sujet, la plupart d’entre elles manquaient de puissance statistique.

Méthodologie

L’étude STORI (diSconTinuation in CrOhn’s disease patients in stable Remission on combined with Immunosuppressants) a cherché à identifier les facteurs de risque de rechute d’une MC après le passage d’une bithérapie associant un immunosuppresseur (IS) et un anti-TNF à une monothérapie à base d’IS. Cette méta-analyse est basée sur les données individuelles de patients issus d’études de cohortes d’au moins 30 patients ayant évalué l’impact de l’arrêt d’un traitement par anti-TNF après au moins 6 mois d’utilisation pour MC. 

Principaux résultats

Au total, 14 études ont été retenues pour la méta-analyse (n=1.317 sujets, 11 pays). Une récidive de MC est survenue chez 632 sujets (43% d’hommes, âge médian 35 ans). L’anti-TNF utilisé était l’infliximab pour 70% des patients et l’adalimumab pour 30%. Le traitement par anti-TNF a été arrêté après 7,7 ans de durée moyenne de maladie et 23 mois de traitement. Le risque global de rechute a été estimé à 38% à un an et 52% à 2 ans.

Le fait d’utiliser l’adalimumab plutôt que l’infliximab au moment de l’arrêt de l’anti-TNF augmentait le risque de rechute (HR 1,21), un âge plus jeune au moment du diagnostic de la maladie augmentait également le risque de rechute (HR 1,47), ainsi qu’une longue durée de maladie (HR 1,07 par tranche de 5 années) ou une atteinte de la partie haute du tractus gastro-intestinal (HR 1,33). Le tabagisme (HR 1,39) et le jeune âge au moment de l’arrêt de l’anti-TNF (HR 1,16 par décennie) étaient également des facteurs de risque de rechute. La protéine C-Réactive était le seul marqueur biologique associé à un risque plus élevé de rechute (HR 1,04 pour chaque doublement de la valeur). L’ajout de ce critère n’a pas permis d’augmenter la performance du modèle prédictif. Les taux de calprotectine fécale étaient associés à une augmentation du risque de rechute.