Crise sanitaire et détresse des étudiants : les doyens de médecine cherchent des solutions

  • Julien Moschetti

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales par Medscape
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France— Isolement, solitude, précarité, perte de sens, cours en distanciel depuis plus de deux mois, récents suicides… Telles sont les raisons qui ont poussé les étudiants à manifester à travers la France le 20 janvier pour défendre les conditions de vie et d'études des étudiants.

Le même jour, la Conférence des doyens de médecine organisait une conférence de presse pour présenter les dispositions prises pour renforcer la protection et l’accompagnement des étudiants en médecine. Son président, le Pr Patrice Diot est revenu sur les suicides récents, les grandes difficultés de vie des jeunes et le nécessaire bien-être étudiant. Avant de proposer la mise en place d’un plan d’action dans les facultés de médecine pour arrêter l’hémorragie.

Plusieurs suicides en quelques jours

Le 13 janvier dernier, une étudiante en médecine de la Sorbonne (Paris), Sinega Santhirarajahs'est suicidée. D'après sa famille, les résultats de ses partiels seraient à l'origine de son acte.

Un drame qui s’ajoute à la tentative de suicide de deux étudiants lyonnais en l’espace d’une semaine. Étudiant en master de droit à Lyon, le premier s'est jeté par la fenêtre du 4e étage de sa résidence universitaire le 9 janvier. En réaction, le syndicat universitaire Solidaires Etudiants Lyon-2 alerte : « Il faut rouvrir au plus vite les universités pour accueillir en présentiel toute-s les étudiant-e-s, avec une jauge de 50%. La crise sanitaire accentue l'isolement ainsi que la précarité, et favorise la détresse psychologique des étudiant-e-s ».

Quelques jours plus tard, une étudiante lyonnaise a menacé de se défenestrer, avant d'être rapidement prise en charge. L’un de ses camarades de cours explique : « Nous restons 24h/24, 7j/7 dans nos chambres universitaires mesurant les mêmes dimensions qu'une cellule de prison (…). Combien de poids un étudiant peut-il supporter ? Il est vital de laisser les écoles ouvertes ».

Pour le Pr Patrice Diot, la situation est grave. « Nous avons des signaux qui nous préoccupent extrêmement quant à l’équilibre et à la santé de nos étudiants. Un certain nombre sont dans des conditions précaires, isolés socialement. Et, malheureusement, des passages à l’acte et des drames sont survenus dans les universités françaises », a admis le 20 janvier le Pr Patrice Diot, président de la Conférence des doyens de médecine. Et d’ajouter que les étudiants en médecine sont confrontés « à des conditions extrêmement difficiles depuis le début de cette crise sanitaire ». En particulier ceux de première année qui ont vu les cours en présentiel suspendus fin octobre dernier, au moment même « où l’on met en place une réforme des conditions d’entrée dans les études de santé qui est excessivement complexe et pas toujours bien comprise », a constaté le Pr Patrice Diot.

Quant aux étudiants plus âgés, ils se sont retrouvés « d’une manière ou d’une autre insérés dans la chaîne des soins Covid-19 » : service sanitaire, dépistage, soins au patient… et bientôt la vaccination. Tout cela « crée des turbulences, des pertes de repère », a constaté le Pr Patrice Diot.

L’enseignement à distance de qualité ne suffit pas

Depuis le début de la crise sanitaire, la priorité des doyens avait été de maintenir un enseignement distanciel de qualité pour les étudiants. « Mais on voit bien aujourd’hui que cela commence à craquer, a reconnu le Pr Patrice Diot. Les étudiants ont besoin de retrouver leurs enseignants, et besoin encore plus de se retrouver entre eux pour des questions d’équilibre. » Face à cette situation, le professeur a proposé la mise en place d’un plan d’action dans les facultés de médecine sous la forme de deux volets.

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