SFR 2022 - Crise de pseudogoutte : COLCHICORT compare colchicine et prednisone

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

La crise de chondrocalcinose, ou rhumatisme à cristaux de pyrophosphate de calcium, est une arthrite aiguë très fréquente et douloureuse qui affecte principalement les sujets âgés, très souvent dans le cadre d'hospitalisations pour d'autres motifs. La prise en charge est empirique, reposant surtout sur des données issues des connaissances issues du traitement de la goutte : colchicine ou corticoïdes oraux. COLCHICORT a été conduit pour comparer l'efficacité et la tolérance des deux options thérapeutiques. Ses résultats, qui ont été présentés dans le cadre du congrès de la Société française de rhumatologie (Paris, 10-13 décembre 2022) sont les premiers à montrer une équivalence d’efficacité entre les deux options, avec deux tiers des patients soulagés par l’une ou l’autre option dès la 24e heure après l’initiation du traitement, mais un profil de tolérance en faveur du corticoïde, suggérant son utilisation préférentielle en première intention.

COLCHICORT était un essai d'équivalence mené en ouvert et qui a recruté 112 patients de plus de 65 ans ayant eu une crise depuis moins de 36 heures. Ils ont été randomisés pour recevoir de la colchicine (1mg, puis 0,5mg 1 heure après et 1mg à J1) ou de la prednisone (30 mg/jour durant 2 jours). Un traitement antalgique standardisé était autorisé durant les 24 premières heures (paracétamol et si nécessaire tramadol faible dose).

Le critère d'évaluation principal a été mesuré à 24 heures suivant l’inclusion, les deux traitements étant considérés comme équivalents si la différence d'amélioration de l’EVA (0-100mm) était inférieure à 13 millimètres (différence cliniquement significative minimale).

L’analyse en per protocole montre une moyenne d’âge élevée (86 ans, 67-78 % de femme selon le bras) et des crises touchant pour moitié le genou, puis le poignet ou la cheville.

La diminution de la douleur à l’EVA était comparable à 24 (H24) et 48 heures pour les deux groupes : ainsi à H24, le score était abaissé de 36,4 mm et 36,6 mm dans les groupes prednisone et colchicine respectivement, soit une différence moyenne de 0,16 mm et un intervalle de confiance compris dans la marge de non-infériorité.

Sur le plan de la tolérance, plus de la moitié des effets indésirables sous colchicine étaient des diarrhées, touchant près de 20% des patients traités. « Ce n'était pas des diarrhées profuses, mais chez des patients de surcroît âgés, c’est un élément significatif » a reconnu l’orateur. Dans le bras prednisone, les effets indésirables ont été moins nombreux, avec quelques effets, rares mais notables, d’hyperglycémie ou de poussées hypertensives, qui ont été facilement prises en charge, ainsi qu’un épisode infectieux.

« Dans une étude exploratoire, sans puissance statistique suffisante, nous avons identifié que la seule chose susceptible d’aider à prédire la survenue de diarrhées est la prescription associée de statines, dont le métabolisme entre en compétition avec celui de la colchicine ». En attendant de pouvoir en comprendre les mécanismes précis, les différences de tolérance pouvant avoir des conséquences parmi la population concernée par les rhumatismes à cristaux de pyrophosphate de calcium incitent à privilégier la prednisone 30mg/j en première intention.