Crise de goutte : première étude pragmatique comparant AINS et colchicine
- Roddy E & al.
- Ann Rheum Dis
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
Le naproxène et la colchicine offrent un soulagement similaire de la douleur à 7 jours liée à la crise de goutte selon une étude randomisée menée en ouvert auprès de 399 patients suivis en médecine générale. Pour autant, de légères différences sont observées en faveur du naproxène : délai plus court du soulagement, fréquence moindre des effets secondaires, traitement moins coûteux et moindre recours à la prise d’antalgiques.
Quel enseignement pour la pratique clinique ?
L’objectif de cette étude était de comparer en face-face un AINS à la colchicine. Le naproxène a été choisi car il est associé à un risque vasculaire moindre et a été décrit comme aussi efficace que la prednisolone orale dans ce contexte.
Il s’agit d’un essai clinique pragmatique mené en médecine générale et permettnat d’évaluer les traitements dans un contexte de pratique quotidienne. Ses résultats suggèrent qu’en l’absence de contre-indications, le naproxène peut être privilégié par rapport à la colchicine dans ce contexte clinique.
Méthodologie
L’étude a recruté des patients ayant consulté pour crise de goutte dans les deux dernières années dans l’un des 100 cabinets généralistes anglais participants. Ils ont été invités à consulter leur médecin s’ils souffraient d’une nouvelle crise de goutte. Ceux qui avaient fait la démarche ont été inclus dans l’étude, et randomisés en ouvert entre les deux groupes de traitement : (1) une prise de naproxène 750 mg suivie de prises de 250 mg toutes les 8 heures durant un maximum de 7 jours ou (2) une prise de colchicine 500 µg toutes les 8 heures durant 4 jours. Les premiers se voyaient prescrire des inhibiteurs de la pompe à protons à discrétion du médecin et les seconds devaient arrêter les statines au cours de leur traitement.
Principaux résultats
Au total, 87,5% des 399 patients recrutés ont pu être inclus dans l’évaluation à 7 jours (âge moyen 59 ans, 87% d’hommes).
Aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes concernant le score de douleur relevé chaque jour entre J0 et J7 selon l’échelle numérique cotée de 0 à 10 (critère principal d’évaluation) : entre J0 et J7, le score est passé de 6,7 à 1,7 dans le groupe naproxène et de 6,5 à 1,5 dans le groupe colchicine. La différence moyenne sur les 7 jours était ainsi de −0,18 ([−0,53 à 0,17], p=0,32) en intention de traiter. Les conclusions étaient similaires en analyse per protocole. Enfin, la douleur estimée à 4 semaines était équivalente entre les deux groupes.
Le taux de patients ayant eu recours à des antalgiques de secours était plus important dans le groupe colchicine : 23,6% vs 13,4% avaient eu recours à du paracétamol durant les 7 premiers jours soit un OR de 2,09 ([1,11-3,93], p=0,22) et 14,6% vs 4,7% avaient eu recours à la codéine (OR 3,63 [1,47-8,93], p=0,05). À 4 semaines, le recours à l’ibuprofène était aussi supérieur (17,5% vs 9,0%, OR 2,34 [1,11-4,94], p=0,026).
En termes de tolérance, la diarrhée et les maux de tête étaient statistiquement plus fréquents dans le groupe colchicine (OR 3,31 et 1,92, significatifs), tandis que la constipation y était moins fréquente (OR 0,24). Enfin, le naproxène avait 80% de chance d’avoir un ratio coût-efficacité supérieur à celui de la colchicine en prenant un seuil de calcul de 20.000 livres par QALY.
Financement
L’étude a été financée par des fonds publics anglais.
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