Crise Covid en Tunisie : l’aide internationale s’organise

  • Aude Lecrubier

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales par Medscape
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En proie au variant delta, la Tunisie a enregistré ces dernières semaines un nombre record de contaminations au Covid-19, entraînant un effondrement de son système de santé et le limogeage du ministre tunisien de la Santé, Faouzi Mehdi, le 20 juillet.

Les hôpitaux sont saturés, les soignants, le matériel, l’oxygène manquent. Le personnel des hôpitaux est épuisé moralement et physiquement.

Face à une situation jugée « catastrophique », plusieurs pays dont la France ont offert leur aide. Cette semaine, l’hexagone a envoyé plus d’un million de doses de vaccins vers le pays et a lancé un appel à la solidarité européenne.

 

Un des pays d’Afrique les plus touchés par le Covid-19

Le pays enregistre depuis un mois un nombre record de contaminations : 44.515 nouveaux cas et 1.170 décès ont été recensés sur les 7 derniers jours, selon les données de l’Université Johns Hopkins (21 juillet). Or, le pays n’a pas encore atteint le pic de l’épidémie, a indiqué un représentant de l’OMS en Tunisie, Yves Souteyrand, le 19 juillet.

Depuis le 18 juillet, la France a placé la Tunisie sur la liste des pays « rouge », ce qui signifie que les non-vaccinés ne peuvent s'y rendre ou en revenir sans motif impérieux. En outre un test négatif au Covid-19 de moins de 48 heures est désormais exigé pour les personnes qui viennent en France et un isolement de 10 jours est obligatoire à l'arrivée, avec une verbalisation de 2.000 euros pour les contrevenants (voir ici pour les nouvelles modalités d’entrée et de sortie du territoire vers la Tunisie en détails).

 

Premiers envois de laide internationale 

L’aide internationale commence à s’organiser suite à la demande du gouvernement tunisien. En France, l'ambassade tunisienne a appelé la diaspora à envoyer des dons, mais aussi du matériel médical et paramédical. Une demande relayée notamment par le Pr Skander Mebazaa , chef de service de réanimation à l’AP-HP (hôpital Saint-Louis, Paris) et cofondateur de l’association CoviDar venant en aide aux malades du Covid-19 en Tunisie, qui a souligné « l’urgence » d’agir.

Une première cargaison de matériels et équipements médicaux et paramédicaux a été envoyée lundi 19 juillet grâce aux dons collectés auprès des Tunisiens résidents en France, a précisé l’ambassade.

Aussi, alors qu’un peu plus de 7% de la population est vaccinée, « le président de la République et la France ont lancé un appel à la solidarité européenne pour donner à la fois du matériel et des vaccins à la Tunisie », a indiqué le ministère de la santé, mardi 20 juillet.

En tout, 300.000 doses de vaccins ont été envoyées par la France via le dispositif Covax dimanche, 300.000 autres doses lundi et 500.000 doses du vaccin Janssen ont été envoyées jeudi.

« Nous avons aussi reçu de nombreuses volontés de dons d’autres Etats membres qui vont se joindre à l’effort de solidarité », a précisé le ministère de la santé.

L’aide afflue aussi d’autres pays comme la Chine, qui fournit des vaccins, ou l’Arabie Saoudite, le Koweït et la Turquie, qui ont fourni des concentrateurs d’oxygène, des respirateurs et des équipements médicaux. Le Maroc a, de son côté, envoyé deux unités de réanimation complètes et autonomes, dotées d'une capacité totale de 100 lits, mais également 100 respirateurs et deux générateurs d'oxygène d'une capacité de 33 m3/heure chacun, selon le ministère marocain.

Les récents envois de vaccins ont permis aux autorités d’ouvrir la vaccination à tous les adultes en Tunisie mardi et mercredi, jours de la fête religieuse de l'Aïd al-Adha.

 

Mesures sanitaires en vigueur en Tunisie

Depuis le 1er juillet 2021, des mesures sanitaires ciblées ont été renforcées sur tout le territoire :

  • couvre-feu de 20h à 5h du matin sur tout le territoire tunisien ;

  • interdiction et report de toutes les manifestations publiques (fêtes, événements culturels, mariages, etc.) ;

  • renforcement du contrôle de l’application des protocoles sanitaires dans les transports, les espaces publics et les commerces, et la fermeture des établissements ou l’imposition d’une amende de 60 dinars tunisiens pour les contrevenants.

Au niveau local :

  • Les gouverneurs peuvent décider d’un confinement général (au niveau du gouvernorat) ou prendre des mesures de confinement ciblé à l’échelle de la délégation pour isoler les foyers de contamination (« clusters »). La quasi-totalité des gouvernorats sont soumis à des mesures de confinement ciblé ou général.

  • Dans les gouvernorats du grand Tunis (Tunis, Ben Arous, Ariana, Manouba), les gouverneurs peuvent prendre des mesures de confinement ciblé à l’échelle de la délégation pour isoler les clusters et peuvent également décider de l’isolement de certains quartiers. En outre, il est prévu :

  • interdiction d’entrer ou de sortir du Grand Tunis ; réduction de l’activité des commerces, cafés et restaurants. Pas de chaises à l’intérieur des cafés et restaurants et service à emporter à partir de 16h ; confinement général, avec interdiction de circulation des véhicules à moteur le week-end, à partir du 9 juillet au soir.

  • Depuis le 20 juin 2021, les gouvernorats de Beja, Kairouan, Siliana, Zaghouan sont soumis à un confinement général et à l’isolement. Cela signifie :

  • interdiction d’entrer ou de sortir du gouvernorat ;

  • ouverture uniquement des commerces essentiels ;

  • régime de permanence pour les services publics.

Cet article a initialement été publié sur le site Medscape.