CPLF2023 - Quelles sont les dernières informations concernant la COVID-19 ?
- Nathalie BARRÈS
- Actualités Congrès
En ce début d’année 2023, le Dr Benjamin Davido, PH en infectiologie à l’hôpital de Garches a synthétisé l’actualité sur le COVID lors d’une matinée dédiée à l’infectiologie au Congrès de Pneumologie de Langue Française (CPLF, 27 au 29 janvier 2023,Marseille).
L’impact du SARS-CoV-2 sur l’espérance de vie n’est pas équivalent pour tous les pays.
La France fait partie des 4 pays (avec la Suisse, la Suède, la Belgique) pour lesquels l’espérance de vie a retrouvé son niveau pré-pandémique. D’autres, notamment ceux qui ont moins vaccinés, comme la Bulgarie et des pays d’Europe de l’Est, paient aujourd’hui le choix d’une faible vaccination et de la dégradation de leur système de soins. De manière étonnante, les États-Unis arrivent en troisième position des pays dont l’espérance de vie a reculé au cours de la pandémie, avec une différence entre les plus de 80 ans, qui eux sont revenus aux chiffres pré-pandémie, et les plus jeunes, potentiellement du fait de dommages collatéraux liés à la consommation d’opioïdes.
Que retenir de ce qui se passe en Chine ?
Le 25 décembre dernier, la Chine a officiellement cessé de compter les cas de décès. Il semblerait qu’environ 40% de la population soit vaccinée avec un schéma à 2 doses. Les données des tests réalisés aux frontières montrent qu’il y aurait en Chine deux variants majoritaires depuis la mi-décembre : le BA.5.2 et le BF.7.
Quels sont les risques associés ? Pour Benjamin Davido, la situation en Chine rappelle celle des départements et régions d’outre-mer et collectivités d’outre-mer ou DROM-COM il y a plusieurs mois. Il indique d’ailleurs, qu’un institut britannique (Air Infinity) ayant réalisé une projection des décès en Chine est arrivé à l’estimation de 11.000 décès/jours en janvier et même 25.000 décès/jours au pic épidémique (entre le 13-25 janvier), ce qui pourrait conduire à environ 1,7 millions de décès d’ici à la fin avril 2023. Une mortalité qui pourrait selon l’expert être réduite en fonction de la pression vaccinale en cours.
Encore de nouveaux variants…
Aux États-Unis, on a identifié le XBB1.5 ou « kraken » du nom d’une créature, qui selon la légende scandinave serait capable de faire couler les navires. Il existe encore peu de données en vie réelle sur ce variant qui est un mixte de BJ1 et BA2.75, il semblerait plus contagieux, mais moins virulent, donc potentiellement pas en capacité d’engloutir les services hospitaliers américains. Au Royaume-Uni, est apparu le variant CH1.1 ou « orthos » du nom d’un chien bicéphale dans la mythologie grecque qui symbolise le mélange entre le variant delta et omicron. Il représenterait aujourd’hui plus de 50% des variants dans le pays et commence également à être déclaré en Espagne et en Inde. Le manque de fiabilité des données dans ce dernier pays à forte population amène à quelques inquiétudes quant à la propagation réelle de ce variant.
Quelles ont été les grandes nouveautés COVID en France en 2022 ?
Les points marquants de l’année écoulée ont été l’administration de la dose de rappel et l’algorithme thérapeutique. Le Dr Davido souligne que la dose de rappel est recommandée « dès 3 mois chez les plus de 80 ans et/ou résidants en Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EPHAD) et Unité de soins de longue durée (USLD), ainsi que ceux qui ont déjà eu une infection et dès 6 mois après la dernière injection pour les autres personnes. »
L’année dernière, des vaccins adaptés aux différents âges ont été commercialisés, y compris pour les moins de 5 ans. Deux nouveaux types de vaccins ont également été commercialisés : le vaccin Sanofi (vaccin adjuvanté, souche Bêta qui est la souche originelle sud-africaine) validé uniquement en dose de rappel et le vaccin Novavax (vaccin à protéine recombinante également adjuvanté). Ce dernier peut être administré en primo-vaccination en cas de contre-indication à un vaccin à ARN. Le risque de myopéricardite est toujours possible selon le Dr Davido, même avec ces nouveaux vaccins.
« Autre nouveauté de la fin d’année 2022, c’est le positionnement stratégique, avec un algorithme des différents traitements : aujourd’hui en première intention et de façon large, et caricaturalement chez les plus de 65 ans, c’est l’antiviral Paxlovid® (nirmatrelvir/ritonavir) qui est indiqué, chez les immunodéprimés et chez les non-immunodéprimés présentant une comorbidité et ce d’autant plus qu’ils sont à distance d’un schéma vaccinal ou qui ont eu un schéma vaccinal incomplet » rappelle l’expert, qui indique un lien utile pour mieux cerner les précautions en cas d’association à d’autres traitement. Ce traitement est en prescription conditionnelle, ce qui permet aux médecins de remettre aux patients une ordonnance pour que le traitement puisse être pris précocement en cas de voyage par exemple. Pour les patients ayant une contre-indication au Paxlovid®, le remdesivir peut être utilisé précocement et réduit le passage à une forme grave de la maladie. Autre nouveauté de 2022, c’est l’exclusion de la thérapeutique des anticorps monoclonaux.
Adapter sa communication concernant les vaccins bivalents
Le Dr Davido insiste sur l’importance pour les professionnels de santé d’adopter une communication pédagogique vis-à-vis des vaccins bivalents qui ont montré leur efficacité pour booster les anticorps anti-COVID et l’augmentation de leurs effets indésirables (locaux ou systémiques) par rapport aux vaccins monovalents, notamment chez les patients présentant des comorbidités.
Chez les personnes qui ont reçu deux doses ou plus, les vaccins semblent moins efficaces chez les plus âgés que chez les plus jeunes, et l’efficacité de la dose de boost serait plus importante lorsque celle-ci est administrée 8 mois ou plus après une vaccination que 2-3 mois. Par ailleurs, des données montrent une diminution plus lente des anticorps après un boost bivalent dès 4 mois sans infection préalable après vaccination. En revanche, après infection, la diminution des anticorps est retardée, et devient significative plutôt à 7-8 mois. « Ceci laisse supposer qu’à niveau de risque équivalent, il est moins urgent de vacciner une personne qui n’a jamais fait d’infection, qu’une personne qui en a fait une. » conclut le Dr Benjamin Davido Ces données sur les vaccins bivalents mériteraient cependant d’être évaluées avec les nouveaux variants. Autre information à retenir, ceux qui ont été infectés avant l’ère omicron, n’ont quasiment pas de protection vis-à-vis des nouveaux variants.
Quid de la protection vaccinale des enfants ?
Les infections augmentent de vague en vague chez les enfants. Il est donc important de prévenir les moins de 18 ans porteurs de facteurs de risque. Le vaccin actuel serait peu efficace chez les enfants et l’adolescent (environ 30% d’efficacité qui s’estomperait après quelques mois), ouvrant les discussions à l’intérêt d’une dose de boost pour les sujets les plus à risque dans cette tranche d’âge.
Quelles perspectives ?
Difficile de prédire l’avenir, de nombreuses questions restent en suspens : ce virus deviendra-t-il saisonnier après l’épisode chinois ? Est-ce que l’émergence des nouveaux variants en Chine, au Royaume-Uni ou aux États-Unis constitue un risque ? Ira-t-on vers une nouvelle dose de rappel avec un vaccin bivalent qui inclurait les jeunes à risque ? Enfin, verra-t-on l’arrivée d’un vaccin à ARN trivalent grippe/Covid à l’automne 2023 ?
Les réponses à ces questions sont attendues dans les prochains mois…
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