CPLF 2022- Les racines précoces de la BPCO
- Caroline Guignot
- Actualités Congrès
Si le tabac reste la principale cause de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), suivi par les facteurs environnementaux (pollution atmosphérique et professionnelle), il semble aujourd'hui de plus en plus probable que d’autres paramètres interviennent dès les premières années de vie. Le docteur Maeva Zysman (Henri Mondor, Créteil) a synthétisé les connaissances et hypothèses relatives à certaines de ces racines.
La fonction respiratoire du jeune adulte
La trajectoire de l’évolution de la fonction pulmonaire tout au long de la vie est disparate et dépend d'interactions entre gènes et environnement dès la période in utero jusqu’à un âge avancé : exposition au tabagisme maternel in utero, tabagisme, infections, asthme, exacerbations… vont intervenir.
On a longtemps pensé que les patients BPCO avaient une fonction respiratoire plus rapidement déclinante que les autres. En 2011, la cohorte ECLIPSE a montré que tous ces patients ne déclinent pas en termes de VEMS (volume expiratoire maximum par seconde): un grand nombre conservent une fonction respiratoire relativement stable. En revanche, des paliers distincts sont observés chez l’adulte jeune et en lien avec des évènements précoces au cours des premières années de vie.
Une fonction pulmonaire altérée chez le jeune adulte est associée à une prévalence plus élevée et à une incidence plus précoce d'anomalies respiratoires ainsi qu'à un décès prématuré. Différentes études ont décrit qu’une minorité des adultes ont un VEMS inférieur à 80% de la valeur prédite bien avant l’âge de 40 ans. Leur suivi montre bien la sur-incidence des comorbidités qui, en outre, survient plus précocement que chez ceux qui ont une fonction respiratoire normale [1].
Les situations de troubles non obstructifs de la fonction respiratoire, caractérisés par une réduction concomitante de la VEMS et de la CVF (Capacité vitale forcée) et conduisant à une spirométrie altérée à rapport préservé (ou PRISm pour Preserved ratio impaired spirometry), peuvent aussi modifier le pronostic des patients. Ainsi, ceux dont l’histoire naturelle de la fonction pulmonaire montrait un PRISm persistant à un âge moyen ont un risque accru de maladie cardiopulmonaire et de mortalité toutes causes confondues, tandis que ceux dont le PRISm s’annule au cours de la vie ne sont plus exposés à ce sur-risque [2].
Prématurité et dysplasie bronchopulmonaire
La pratique clinique permet de rencontrer des patients adultes qui ont un poumon dystrophique, avec des lésions qui trouvent leurs racines dans l’enfance, et non uniquement dans les facteurs favorisants (tabac, pollution) auxquels le patient peut être exposé.
Ainsi, la dysplasie pulmonaire, qui touche les enfants prématurés a été décrite comme pouvant contribuer à l’apparition d’une BPCO à l’âge adulte [3]. Une fois adulte, l’examen de la fonction respiratoire de ces patients montre un VEMS inférieur à celui de sujets de même âge nés à terme, et une altération d’autant plus importante que l’atteinte pédiatrique a été sévère ou compliquée. Une autre étude a de plus montré que cette tendance n’était pas uniquement observée pour les enfants ayant eu une dysplasie : les jeunes adultes nés avec un très petit poids de naissance avaient un VEMS inférieur aux adultes appariés nés avec un poids de naissance normal [4].
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