CPLF 2022 - Les asthmatiques apnéiques ont un profil clinique particulier

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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Les liens entre asthme et SAHOS (syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil ne sont pas fortuits. C’est ce qu’a expliqué le docteur Laurent Portel (CH Libourne) lors d’une conférence dédiée, dans le cadre du congrès de la Société française de pneumologie (CPLF) qui s’est tenue à Lille du 21 au 23 janvier 2022.

En effet, une première méta-analyse [1], dont les effectifs invitent toutefois à la prudence quant à ses conclusions, suggère une prévalence du SAHOS extrêmement élevée parmi les patients asthmatiques (49,5%) et un risque de SAHOS de 27,5% soit un risque relatif multiplié par 2,64 et 3,73 respectivement par rapport aux non asthmatiques, sachant que l’indice de masse corporelle (IMC) influençait largement la relation. Pour autant, d’autres études prospectives, dont l’étude de cohorte Wisconsin sleep study [2], confirme le sur-risque de développer un SAHOS au cours de la vie chez les sujets asthmatiques, avec un risque relatif croissant à mesure que l’ancienneté du diagnostic d’asthme progresse. À l’inverse, le SAHOS constituerait un sur-risque d’exacerbation de l’asthme ; de plus, un haut risque de SAHOS serait associé à un risque 2,87 fois plus élevé de non contrôle de la maladie asthmatique, après ajustement sur les autres facteurs de risque et notamment l’IMC.

Identifier les sujets les plus vulnérables

Pour autant, il n’existe pas pour l’heure de données suffisamment probantes suggérant que traiter le SAHOS par pression positive continue (PPC) permet d’améliorer le contrôle de l’asthme : sur ce sujet, seule une poignée d’études ont été menées et conduisent à des conclusions contrastées sur la question. Elles ont été compilées dans une méta-analyse [3], qui invite à s’interroger sur le phénotype des asthmes inclus dans ces travaux. Selon les auteurs de ce travail, en effet, il n’est pas possible de conclure sur la question bien qu'un effet positif du traitement par PPC semble exister chez ceux atteints de SAHOS sévère ou d'asthme mal contrôlé. Aussi suggèrent-ils que ces sujets pourraient bénéficier d'un phénotypage minutieux des deux maladies : pour exemple, l’inflammation neutrophile serait plus représentée parmi les patients asthmatiques ayant un SAHOS que l’inflammation éosinophile.

Un pas intéressant en ce sens a d’ailleurs éré réalisé grâce à l’étude française FASE-CPHG qui a suivi 1.424 patients asthmatiques sévères pris en charge dans les centres hospitaliers généraux et dont une sous-étude a été consacrée à ceux qui avaient un diagnostic d’apnée concomitant [4]. Statistiquement, il s’agissait essentiellement d’hommes, obèses, sans atopie et présentant plus souvent une hypertension artérielle et une dépression. Ils étaient aussi plus souvent traités par corticoïdes oraux (29,8% vs 15,4%, p<0,0001) et étaient plus souvent non contrôlés (77,7% vs 68,7%, p=0,04) que ceux sans SAHOS. De façon intéressante, cette étude a permis d’identifier 5 phénotypes de patients asthmatiques sévères, parmi lesquels un profil minoritaire (seulement 10,5% de la cohorte) rassemblant 99% de ceux souffrant de SAHOS comorbide : il s’agissait d’hommes de plus de 40 ans, ayant un IMC supérieur à 30 kg/m², une HTA et une SAHOS. Dans le cluster majoritaire, qui rassemblait 47% de la cohorte, l’asthme était essentiellement allergique, avait débuté dans l’enfance, et était associé à une atopie et une rhinite allergique ; aucun cas de SAHOS n’y était retrouvé.

Aussi, le phénotypage des patients asthmatiques sévères pourrait aider à identifier ceux qui sont le plus vulnérable face aux risques de SAHOS et pourraient par conséquent bénéficier d’une exploration du sommeil.