CPLF 2022 – L’apnée du sommeil accroît le risque de cancer

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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Une session du congrès de la Société française de pneumologie (CPLF) qui s’est tenu à Lille du 21 au 23 janvier 2022, a été consacrée au SAHOS et a fait un focus sur les études décrivant une association entre la maladie apnéique et le risque de cancer.

Les premiers éléments suggérant que le risque de cancer est augmenté chez les patients présentant un syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) ont été apportés en 2012 par une étude prospective, la Wisconsin sleep cohort [1] : dans cette étude, après 22 ans de suivi prospectif, les patients SAHOS avaient une mortalité par cancer d’autant plus élevée qu’ils présentaient un index d’apnées-hypopnées (IAH) important. 

Ce résultat a été confirmé par une étude espagnole [2] qui a observé que l’incidence du cancer après 4,5 ans de suivi était d’autant plus importante que l'IAH était élevé. Dans cette étude, ceux qui avaient un T90 (pourcentage nocturne avec saturation O2<90%) supérieur à 12% avaient un hazard ratio de cancer incident multiplié par 2,7. 

Enfin, la cohorte Sommeil des Pays de la Loire [3] qui rassemblait plus de 15.000 patients ayant bénéficié d’une investigation pour SAHOS aussi livré des enseignements précieux ; l’appariement rétrospectif qui a pu être fait avec les bases de données de l’Assurance Maladie pour plus de 8.000 de ces patients a montré que, sur un suivi médian de 5,8 ans, 718 (8,2%) avaient eu un diagnostic de cancer. Parmi eux, l'incidence des cancers était supérieure chez ceux qui avaient eu un diagnostic de SAHOS, par rapport aux autres. Par ailleurs, cette incidence était associée à la sévérité du SAHOS et celle de l'hypoxémie nocturne [T90]). Après ajustement multivarié (sociodémographie, tabac, alcool, comorbidités,…), l’association entre le T90 et l'incidence du cancer était confirmée (rapport de risque ajusté 1,33 [1,05-1,68] pour T90 ≥13 % vs < 0,01 % ; p= 0,02). In fine, la plupart des études cliniques ont aussi décrit une association entre le SAHOS et le cancer (incidence ou mortalité). Elles ont été regroupées au sein d’une méta-analyse qui confirme cette association [4].

Un risque jugulable? 

Le risque semble disparate selon la localisation considérée : les données les plus solides concernent le mélanome et le cancer du poumon. Les mécanismes physiopathologiques suspectés, reposent sur les conséquences de l’hypoxie intermittente d’une part et sur la fragmentation du sommeil d’autre part. Ensemble, ils vont favoriser le stress oxydatif, la dépolarisation des macrophages, une dérégulation de la voie PD-1/PD-L1 et une altération du système nerveux sympathique. Ces cascades vont à leur tour favoriser l’angiogenèse, la prolifération tumorale ou le processus invasif ou métastatique. Ceci a été confirmé par des expérimentations conduites dans des modèles animaux.

En conséquence, la prise en charge par pression positive continue (PPC) peut-elle changer la donne ? Selon l’analyse conduite à partir de la cohorte de sommeil des Pays de la Loire, utilisant un score de propension, il n’existait pas de différence d’incidence du cancer chez ceux qui avaient été traités et observants par la ventilation non invasive. Il est probable que la prise en charge ventilatoire survienne trop tardivement par rapport aux mécanismes oncogéniques à l'œuvre, instaurés de longue date.