CPLF 2022 - La santé respiratoire s'invitera-t-elle à la Présidentielle ?
- Marine Cygler
- Nathalie Barrès
- Actualités Congrès
A l'occasion du Congrès de pneumologie de langue française (CPLF), qui s'est tenu à Lille cette année, la Pre Chantal Raherison-Semjen (pneumologue, CHU de Pointe-à-Pitre), présidente de la Société de Pneumologie de Langue Française, a révélé un projet qui lui tient à cœur : interpeler chacun des candidats à l'élection présidentielle de 2022 afin de « s’assurer que la santé respiratoire soit une priorité des cinq prochaines années »[1].
Des propositions d'un programme quinquenal, « Respirer : un droit fondamental ! », ont été élaborées lors des premiers Etats généraux de la santé respiratoire, organisés en décembre dernier par la Société de Pneumologie de Langue Française et un collectif de 24 organisations d’usagers et de professionnels de santé. Une demande forte sera formulée auprès des candidats : que soit organisée, dans les cent premiers jours du mandat présidentiel, une Conférence nationale de santé environnementale et respiratoire en vue de préparer un projet de loi cadre.
Les Français face à la santé respiratoire : l'enquête d'opinion
Après la création du collectif au début de l'été 2021, « la première étape de notre travail a été de réaliser un état des lieux grâce à une étude (Ipsos /SPLF) », indique Chantal Raherison-Semjen. Si les résultats de ce sondage réalisé auprès d’un échantillon de 1012 personnes représentatives de la population française du 6 au 7 juillet 2021 ne sont pas encore publiés, la pneumologue en a révélé les résultats principaux.
D'abord, selon ce sondage, la moitié de la population rencontre des problèmes respiratoires récurrents (52%). Mais la plupart n'est pas diagnostiquée. « La majorité des Français ne sait pas qu’il existe des symptômes (essouflement, toux, ronflement) qui devraient les pousser à consulter », explique la Pre Raherison-Semjen qui déplore que « deux tiers de ceux qui ont des symptômes quotidiens sévères n'en ont jamais parlé à un médecin ».
Pourquoi ? Probablement par méconnaissance. Le sondage révèle en effet que la majorité des répondants s’estime mal informée sur les symptômes d'alerte d’un risque de maladie respiratoire (54%), sur les examens médicaux à réaliser pour diagnostiquer les maladies respiratoires (58%) et sur les différents types de maladies respiratoires qui existent (60%). Résultat, la méconnaissance est un frein à la consultation : la durée entre les premiers symptômes et le diagnostic d'une maladie respiratoire est de 10 mois en moyenne, a révélé l'étude Ipsos.
« Ce résultat confirme l'impression clinique que nous avons, à savoir que les patients arrivent tard et le diagnostic est souvent posé trop tard », commente-t-elle.
Les candidats face à la santé respiratoire
Les différentes propositions concrètes ont été établies à partir des 450 contributions recueillies lors d'une consultation citoyenne en ligne entre le 6 septembre et le 22 octobre 2021. « Elles ont été présentées lors d'une réunion de restitution début décembre », indique la Pre Chantal Raherison-Semjen qui espère que l'organisation en collectif les rendra plus audibles.
Les dix propositions élaborées par le groupe de travail des Etats Généraux ont été rassemblées en trois piliers : prévenir et lutter contre les facteurs environnementaux, prendre en charge les maladies respiratoires tout au long de la vie, et lutter contre l'exclusion sociale et sanitaire sur l'ensemble du territoire.
Pilier 1 : prévenir et lutter contre les facteurs environnementaux des maladies respiratoires
Proposition n°1 : Organiser, dans les 100 premiers jours de mandat, une Conférence Nationale de Santé Environnementale et Respiratoire dont l’objectif sera de pre´parer un projet de loi-cadre afin de formaliser l’engagement du Gouvernement sur le sujet.
Proposition n°2 : Communiquer et informer pour accroître la visibilité et la connaissance des maladies respiratoires en développant la communication médiatique sur l’ensemble des maladies concernées (BPCO, maladies pulmonaires rares, cancers, asthme et allergies), en direction du grand public et des professionnels de sante´).
Proposition n°3 : Renforcer la diffusion de messages ciblés sur les facteurs de risques environnementaux en matière de santé respiratoire en direction du grand public et des professionnels de santé.
Proposition n°4 : Assurer le remboursement de l’activité physique adaptée sur ordonnance par l’Assurance maladie, élargir la liste des maladies respiratoires concernées et renforcer la communication autour de cet enjeu.
Pilier 2 : prendre en charge les maladies respiratoires efficacement tout au long de la vie
Proposition n°5 : Assurer une régularité du dépistage du souffle tout au long de la vie.
Proposition n°6 : Construire des parcours de soins pour chaque maladie respiratoire, y compris la covid-19 en intégrant aux réflexions les professionnels de santé et les représentants de patients concernés.
Proposition n°7 : Faire de la recherche sur les maladies respiratoires et l’accès aux thérapies innovantes une priorité nationale et européenne en termes de financement.
Pilier territoire : lutter contre l’exclusion sociale et sanitaire sur l’ensemble du territoire
Proposition n°8 : Garantir la reconnaissance du handicap respiratoire et l’accès aux droits et prestations adaptées aux maladies respiratoires.
Proposition n°9 : Développer une stratégie d’accompagnement ciblant la santé respiratoire pour soutenir les populations fragiles dans leur quotidien.
Proposition n°10 : Soutenir l’inclusion des malades respiratoires en établissements scolaires et dans la vie professionnelle.
Cet article a été écrit par Marine Cygler et initialement publié sur le site internet Medscape.
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