COVID long : comment évoluent les symptômes dans le temps ?

  • Tran VT & al.
  • Nat Commun
  • 5 avr. 2022

  • Par Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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À retenir

  • ComPaRe est une cohorte de sujets ayant reçu le diagnostic de COVID long et suivis durant une année ;
  • 8 patients sur 10 auraient toujours des symptômes à un an ;
  • 3 patients sur 10 verraient l’apparition ou la réapparition de certains symptômes au cours du temps ;
  • Si la plupart des symptômes diminueraient dans le temps, une sorte de plateau serait atteint 6-8 mois après le début de l’infection ;
  • L’impact de la maladie sur la qualité de vie du patient augmenterait environ 6 mois après l’apparition de la maladie.

Pourquoi est-ce important ?

Environ 10% des sujets ayant été infectés par le SARS-CoV-2 auraient des symptômes persistants encore plusieurs semaines voire plusieurs mois après l’infection. Une meilleure connaissance de l’évolution des symptômes de COVID long permettra une prise en charge adaptée de ces sujets.

Méthodologie

La e-cohorte ComPaRe initiée en décembre 2020, est toujours en cours. Sur les 1.859 patients français ayant été infectés par le SARS-CoV-2 et inclus au 15 octobre 2021, les données de 968 d’entre eux ont été analysées pour l’étude présentée ici. 

Tous les 2 mois, les participants devaient compléter un questionnaire via internet. Jour après jour, les patients ont renseigné des questionnaires permettant de suivre l’évolution de leurs symptômes en lien avec le COVID-19. Les patients qui n’avaient plus de symptômes étaient invités à rapporter la date à laquelle ils avaient remarqué leur disparition. La prévalence des symptômes jour après jour a également pu être évaluée car les patients ont été inclus à différents moments par rapport à leur infection aiguë.

Principaux résultats

Sur l’ensemble de la population analysée (57,7% de femmes, âge médian 48 ans). Plus d’un tiers (35,1%) présentaient des comorbidités (6,3% des maladies pulmonaires, 4,2% de l’hypertension artérielle). Les sujets ont été suivis durant 181 jours (valeur médiane). Parmi les participants, 7,7% avaient été hospitalisés au cours de l’infection par SARS-CoV-2, dont 3,5% en unité de soins intensifs. Au global, 53 symptômes ont été suivis ainsi que 6 dimensions de vie. 

Sur l’ensemble des patients COVID long suivis, quatre trajectoires temporelles distinctes ont pu être décrites :

  • Une diminution progressive des symptômes dans le temps pour la moitié des individus (51%), en particulier pour ce qui concerne la perte d’appétit, le changement ou la perte de goût et la toux,
  • La persistance de certains symptômes (déconditionnement, syndrome de stress post-traumatique, …) chez 84,9% des individus de la cohorte à un an,
  • Sur un suivi médian de 180 jours, la disparition totale des symptômes a été mentionnée par 15,5% des patients diagnostiqués COVID long, et parmi ces sujets, un tiers (33,3%) ont connu la réapparition d’au moins l’un de leurs symptômes.

Les patients ont été interrogés sur l’impact de ce COVID long sur leur vie. Une courbe en « U » a été décrite concernant la perception par les patients de l’impact de la maladie sur leur qualité de vie. Deux phases spécifiques ont été mis en évidence : entre 2 et 6 mois, l’impact délétère de la maladie diminuait progressivement au cours du temps parallèlement à la disparition des symptômes ; après 6 mois, la proportion de patients indiquant un état pathologique inacceptable augmentait pour atteindre 7 patients sur 10. Selon les auteurs, cette deuxième phase pourrait être le reflet d’une prise de conscience de la part des patients que leur état devenait chronique.

Principales limitations

Recrutement volontaire des patients pouvant avoir conduit à inclure des sujets présentant plus de symptômes.

Cet article a été illustré par Élodie Gazquez.