COVID-19. Vaccination des adolescents, un débat éthique

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À partir du 15 juin 2021, les adolescents de 12 à 17 ans peuvent se faire vacciner contre le COVID-19 avec le vaccin Corminaty®.

La Haute Autorité de Santé (HAS) avait rendu un avis favorable le 3 juin pour les adolescents de 12 à 15 ans : chez eux, le vaccin est efficace à 100% sur les formes symptomatiques et les données de tolérance sont « satisfaisantes ». Cependant la HAS précisait que « l’efficacité reste à confirmer sur les formes sévères », d’où son souhait d’études de suivi, notamment en ce qui concerne les variants.

L’agence s’est avant tout penchée sur les bénéfices individuels de cette vaccination dans cette population. Les adolescents ont moins souvent de formes symptomatiques que les adultes. La majorité des formes sévères sont associées à une comorbidité (entre 45 et 75% selon les études). C’est pourquoi la HAS recommande que la vaccination soit réservée en priorité aux adolescents ayant une comorbidité (notamment obésité et pathologies identifiées chez l’adulte comme étant à risque de formes graves) et à ceux vivant dans l’entourage d’une personne immunodéprimé ou vulnérable. Elle souligne également « le bénéfice individuel évident de la vaccination sur le plan psychologique et social, en évitant les fermetures de classes et d’établissements et leurs effets sur la santé mentale et les ruptures d’apprentissage des adolescents. »

La vaccination serait ouverte à tous les adolescents « dès lors que la campagne vaccinale de la population adulte sera suffisamment avancée. »

Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a adopté une position très proche. Pour lui, les bénéfices individuels de la vaccination des adolescents sont surtout sensibles pour leur santé psychologique et mentale. Mais l’enjeu est celui de l’immunité collective, qui ne pourrait être atteinte que si 85% de la population est vaccinée, « selon certains travaux. » Or, pour le Comité, « il s’avère peu probable que cet objectif puisse être atteint grâce à la seule vaccination des adultes. » Se pose alors la question éthique « de faire porter aux mineurs la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du refus de la vaccination (ou de la difficulté d’y accéder) d'une partie de la population adulte. »

Pour le CCNE, il n’y a de fait aucune urgence à commencer la vaccination des adolescents dans l’immédiat. Il regrette la rapidité de la décision du gouvernement (prise sans avoir eu le temps de consulter l’avis qu’il avait demandé auprès du Comité), d’autant que de nouvelles données d’efficacité et de tolérance dans cette population devraient être publiées prochainement. Pourquoi ne pas avoir attendu la rentrée scolaire de septembre ? Il souhaite enfin que la stratégie « Tester, tracer, isoler » soit « optimisée chez les mineurs » afin de pouvoir constituer une éventuelle alternative à la vaccination.