COVID-19 : une centaine de médecins poursuivis auprès de la MACSF
- Christophe Gattuso
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales par Medscape
Après avoir entraîné en 2020 une baisse considérable des sinistres médicaux, le Covid a été à l’origine d’une centaine de réclamations en 2021 auprès de la MACSF pour des infections nosocomiales, des retards de soins, ou encore des erreurs de diagnostic lors de téléconsultations. Ces dossiers devront faire l’objet d’expertises, de décisions et vraisemblablement d’indemnisations, prévient l’assureur.
L’accalmie n’a pas duré. Le Covid avait entraîné la fermeture des cabinets médicaux et des déprogrammations d’intervention en 2020. Cette plus faible activité s’était accompagnée d’une baisse de 15% des sinistres. Mais cet épisode a laissé des traces et eu des effets secondaires.
Les condamnations de médecins sont reparties à la hausse en 2021, a observé lors d’un récent point presse la MACSF, plus important assureur du corps médical (162 000 sociétaires médecins). Et le Covid n’a pas fini de perturber la vie des praticiens. Alors que les médecins ont été, eux-mêmes, largement victimes de la maladie, l’assureur a relevé un nombre significatif de poursuites de ses sociétaires associées à l’épidémie de coronavirus.
« Il s’agit de réclamations récentes, observe le Dr Thierry Houselstein, directeur médical de la MACSF. Elles n’ont pas encore fait l’objet d’expertises et donc de décisions de la commission de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux (CCI) ou judiciaires, ni par conséquent d’indemnisations éventuelles. »
Une quarantaine de Covid nosocomiaux
De nombreux patients ont engagé des procédures contre des médecins libéraux au sein de cliniques ou d’autres structures de soins, leur reprochant d’être responsables de leur contamination ou celle de leur entourage par le Covid. Ils sont une quarantaine dans ce cas, confie la MACSF à Medscape édition française en marge de la conférence de presse.
Mauvais diagnostics liés à la téléconsultation
Considérée comme une solution au plus fort de la crise sanitaire, la télémédecine a aussi été la source de problèmes. Les téléconsultations sont en effet à l’origine d’une dizaine de réclamations auprès de la MACSF. « Les médecins généralistes sont essentiellement concernés et sont critiqués pour des erreurs de diagnostic liées à l’absence d’examen clinique », précise Thierry Houselstein. Une téléconsultation réalisée pour des douleurs abdominales a abouti à un diagnostic de gastro-entérite. L’état du patient a empiré jusqu’à ce que le bon diagnostic de péritonite sur appendicite soit posé. « Pendant les téléconsultations, des sociétaires ont parfois sous-évalué les situations », poursuit le directeur médical de la MACSF.
Mortelles déprogrammations
Le Covid est également à l’origine d’une quinzaine de réclamations consécutives à des déprogrammations d’opérations contre des praticiens de spécialités chirurgicales et interventionnelles mais aussi de gastroentérologues, de cardiologues, et d’ophtalmologistes. Ces déprogrammations ont entraîné de nombreux retards de diagnostic de tumeurs et autres pathologies aiguës. Une famille demande des comptes à un adhérent de la MACSF après le décès d’un patient des suites d’une tumeur rectale avec métastases hépatiques. Le bilan coloscopique de cette personne avait été différé de six mois en période Covid. De même, un patient souffrant d’un syndrome coronarien et qui devait subir un pontage a dû différer son intervention en octobre 2020 du fait de la situation sanitaire. Son état de santé s’est dégradé brutalement et il est décédé.
Réclamations liées au vaccin
Les sinistres en lien avec la vaccination ont concerné 4 réclamations. Un choc anaphylactique mais aussi une réclamation pour décès 48 heures après l’injection sont l’objet de poursuites même si le lien de causalité reste à démontrer. De même, deux cas d’effets secondaires allégués font débat.
Certains patients ayant contracté le Covid ont par ailleurs engagé une procédure pour mauvaise prise en charge. La MACSF relate le dossier d’un patient reprochant la non-réalisation d’un test face à un tableau viral. Renvoyé à son domicile, son cas s’est aggravé dans les 48 heures nécessitant un passage en réanimation. Plusieurs patients reprochent aussi la gestion des traitements en réanimation et l’un d’eux le non-diagnostic d’une décompensation d’un diabète.
Cet article a été écrit par Christophe Gattuso et initialement publié sur Medscape.
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