COVID-19 : un cas de transmission verticale possible durant la grossesse

  • Agnès Lara
  • Actualités Médicales
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À retenir

  • Une lettre parue dans le JAMA a fait état d’un cas de nouveau-né dont la mère avait reçu un diagnostic de COVID-19 vingt-trois jours avant l’accouchement.
  • Deux heures après la naissance, l’enfant avait des taux élevés d’anticorps anti-SARS-Cov-2 et de marqueurs de l’inflammation.
  • Bien que l’infection au moment de l’accouchement ne puisse être exclue, plusieurs éléments apparaissent en faveur d’une infection in utero : la présence d’IgM à des taux élevés 2h après l’accouchement, alors que ces anticorps ne passent pas la barrière placentaire et nécessitent 3 à 7 jours pour être produits, et le fait que les tests PCR sur les sécrétions vaginales de la mère se soient révélés négatifs.

 

 Le SARS-Cov-2 a surpris l’humanité entière par sa remarquable contagiosité. La question d’une contamination verticale de la mère au fœtus fait toutefois encore controverse. Une première série de 9 cas n’avait pas pu mettre en évidence de transmission de la mère à l’enfant (1). Mais une autre série de 33 mères atteintes de la maladie a rapporté la présence de la maladie chez 3 nouveau-nés, suggérant une transmission possible in utero, avec une évolution favorable chez tous les nourrissons dans les jours suivant la naissance (2). Un nouveau cas décrit à l’hôpital Renmin de Wuhan apporte de nouveaux éléments en faveur de cette hypothèse.

Infection de la mère à 34 semaines d’aménorhée

Le 28 janvier 2019, suite à l’apparition de fièvre et de sécrétions nasales ayant évolué vers des difficultés respiratoires, des opacités pulmonaires en verre dépoli bilatérales, avec une distribution périphérique, avaient été observées chez la mère (29 ans, 34 semaines d’aménorrhée). La patiente a été hospitalisée le 2 février pour recevoir un traitement et une oxygénothérapie. Et les tests rhinopharyngés s’étaient révélés positifs au SARS-Cov-2. Le 21 février, elle avait des anticorps dirigés contre le virus, mais la RT-PCR réalisée sur les sécrétions vaginales s’étaient révélées négatives.

Présence d’anticorps chez le nourrisson après la naissance

L’enfant est né par césarienne le 2 février et a été placé en quarantaine. Sa mère portait un masque N95 au moment et n’a pas pris l’enfant dans ses bras. Les paramètres du nouveau-né (poids de naissance, score Apgar) étaient normaux et il ne présentait aucun symptôme. Cependant des taux élevés d’anticorps (IgG et IgM) anti-SARS-Cov-2 ont été retrouvés chez l’enfant 2 heures après la naissance, ainsi que de cytokines et de globules blancs. Les IgM ne passant pas la barrière placentaire, leur présence chez l’enfant suggère une infection in utero. Alors que les IgG qui peuvent traverser le placenta peuvent refléter l’infection du nourrisson comme celle de la mère. Le scanner thoracique était normal et les prélèvements naso-pharyngés réalisés de 2h à 16 jours après la naissance se sont révélés négatifs. L’enfant est sorti des soins intensifs le 18 mars. Le 28 février, les tests RT-PCR réalisés sur le lait de la mère étaient négatifs, alors que ses taux d’anticorps étaient encore élevés.

 

 

1.     Chen H, Guo J,Wang C, et al. Clinical characteristics and intrauterine vertical transmission potential of COVID-19 infection in nine pregnant women: a retrospective review of medical records. Lancet. 2020;395(10226):809-815. Doi:10.1016/S0140-6736(20)30360-3

2.     Zeng L, Xia S, Yuan W, Yan K, Xiao F, Shao J, Zhou W. Neonatal Early-Onset Infection With SARS-CoV-2 in 33 Neonates Born to Mothers With COVID-19 in Wuhan, China. JAMA Pediatr. 2020 Mar 26 [Epub ahead of print]. doi: 10.1001/jamapediatrics.2020.0878.