COVID-19 : trois fois plus de décès que ce qui a été rapporté… !

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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La mortalité globale liée à la pandémie pourrait très largement dépasser le nombre de décès officiellement rapportés.

À retenir 

Une publication du Lancet a estimé la surmortalité liée à la COVID-19 à travers le monde. 

  • Il pourrait y avoir plus de 18 millions de décès en lien avec la COVID-19 entre 2020 et 2021, soit plus de trois fois plus que les décès officiellement rapportés.
  • Cette différence pourrait être le fait d’un sous-diagnostic, de difficultés à réaliser les déclarations dans certains pays, ou d’une mortalité associée à d’autres maladies et secondaire au changement de certains comportements et à un accès parfois réduit aux soins de santé habituels.
  • L’écart de surmortalité pourrait être particulièrement important en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.

Pourquoi est-ce intéressant ?

Au 8 juillet 2022, Santé publique France indiquait que l’European Centre for Disease Prevention and Control(ECDC) comptait plus de 6,3 millions de décès rapportés dont 2,0 millions en Europe1.

Les estimations de l’étude publiée dans The Lancet suggèrent que l’effet global de la pandémie sur la mortalité serait bien plus important au niveau mondial que les chiffres annoncés jusqu'à présents.

Méthodologie

Les chercheurs ont suivi plusieurs étapes : Ils ont développé une base de données de la mortalité toutes causes confondues par semaine et par mois (registres de mortalité toutes causes de 74 pays et territoires et 266 unités infranationales) et ont tenu compte des délais de déclaration, des anomalies telles que les vagues de chaleur et les sous-enregistrement des décès. Ils ont ensuite développé un modèle mathématique pour prédire les décès attendus entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2021 en l’absence de pandémie. Enfin, ils ont estimé la surmortalité liée à la COVID-19 sur la période considérée. 

Principaux résultats

Entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2021, 5,94 millions de décès liés à la pandémie de COVID-19 ont été déclarés sur la même période, les résultats de l’étude présentée ici estiment à 18,2 millions le nombre d’individus [17,1-19,6] qui seraient décédés du fait de la pandémie de COVID-19.

Ainsi, la surmortalité liée à la COVID-19, tous âges confondus serait de 120,3 décès/100.000 habitants. Ce taux dépasserait même les 300/100.000 habitants dans 21 pays du monde.

L’Asie du Sud, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Europe orientale seraient les zones payant le plus fort tribut. Une analyse par pays indique que la Russie serait le pays ayant la surmortalité liée à la COVID-19 la plus élevée (374,6 décès/100.000), suivi du Mexique (325,1/100.000), du Brésil (186,9/100.000) et des États-Unis (179,3/100.000).

Financement

Cette étude a été financée par Bill & Melinda Gates Foundation, J Stanton, T Gillespie et E Nordstrom.