Covid-19 : test obligatoire pour les voyageurs en provenance de Chine
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Début décembre 2022, la Chine prenait la décision spectaculaire d’abandonner brutalement sa politique « zéro covid ». À la fin du même mois, elle annonçait la possibilité pour ses ressortissants de voyager à destination de l’Union européenne à partir du 8 janvier 2023. Or, l’explosion des cas sur son territoire suscite une inquiétude, « légitime » selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), de l’ensemble des pays du globe sur le risque d’exacerbation de la pandémie chez eux et sur l’importation de nouveaux variants. Plusieurs d’entre eux ont adopté des mesures de contrôle des voyageurs en provenance de Chine, selon des modalités diverses.
Le 30 décembre 2022, le ministère français de la santé s’est rangé1 à l’avis du Comité de Veille et d’Anticipation des Risques Sanitaires (COVARS), du 29 décembre 20222 :
- « Tous les passagers en provenance de Chine, par vol direct ou avec escale, et à destination du territoire français devront présenter, avant l’embarquement, le résultat négatif d’un test PCR ou antigénique de moins de 48 heures.
- Le port du masque sera rendu obligatoire dans les avions en provenance de Chine.
- À l’arrivée sur le territoire français, des tests PCR seront effectués à compter du 1er janvier 2023. L’ensemble des prélèvements positifs feront l’objet d’un séquençage systématique à des fins de surveillance épidémiologique. »
Des informations lacunaires en provenance de Chine
Le COVARS justifie ces mesures sur plusieurs arguments. En premier lieu, les informations en provenance de Chine sont lacunaires, reposant essentiellement sur des témoignages et la presse, qui signalent un « engorgement majeur des hôpitaux et des crématoriums ». La vague épidémique est donc « intense », alors que l’immunité de la population semble « limitée », notamment parce que son exposition au SARS-CoV-2 a été faible depuis deux ans et que la couverture vaccinale semble basse, son appréciation exacte restant pour l’instant impossible.
En second lieu, même si les variants Omicron semblent quasi exclusifs en Chine et « identiques à ceux ayant déjà circulé en France ou y circulant activement », l’émergence de nouveaux variants d’échappement ne peut pas être exclue « du fait de l’ampleur de l’épidémie et du risque zoonotique. » D’où le séquençage, qui sera pratiqué de manière aléatoire en France.
Une coordination européenne imparfaite
Le COVARS insiste sur l’importance de la coordination européenne. Le « dispositif intégré pour une réaction au niveau politique dans les situations de crise » de l’Union européenne s’est réuni le 4 janvier 2023, sans parvenir à des décisions pleinement consensuelles3. Cependant les États membres ont été « fortement encouragés » à imposer aux voyageurs la présentation d’un test négatif au Covid-19 effectué dans les quarante-huit heures avant le vol. Pour mémoire, ce type de mesure est de la compétence des États et non de l’Union. De même, il est fortement conseillé aux États de recommander le port du masque obligatoire dans les avions en provenance de Chine et d’informer voyageurs et personnels navigants sur les mesures d’hygiène de base. Enfin, des contrôles supplémentaires sont préconisés : tests aléatoires à l’atterrissage, analyse des eaux usées de l’avion.
Le gouvernement chinois s’est indigné de l’obligation de tests obligatoires faite par certains pays, mesure à son sens « dénuée de base scientifique »3. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies lui a donné raison, sur l’argument de niveaux d’immunisation et de vaccination élevés en Europe et sur le fait que les variants circulant en Chine circulent aussi en Europe.
Séquencer ou pas ?
En France, il existe effectivement un débat sur ces mesures, mais qui porte sur l’utilité du séquençage. Pour l’épidémiologiste Dominique Costagliola, il s’agit d’une opération de « com », « au moment où la France réduit ses capacités de séquençage ». En revanche, Antoine Flahaut préconise des tests obligatoires pour tous les voyageurs et non seulement aléatoires, pour surveiller l’apparition de variants préoccupants. Quant à la présidente du COVARS, Brigitte Autran, elle reconnait que la probabilité que ces variants arrivent en Europe depuis la Chine est aujourd’hui « très faible ». Elle est rejointe par Pascal Crepey, pour qui l’inquiétude devrait plutôt porter sur le variant XBB.1.5, bientôt majoritaire aux États-Unis4.
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