COVID-19 : séroprévalence et inégalités sociales en France

  • Caroline Guignot
  • Actualités Médicales
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L’Inserm publie les données de SAPRIS et EpiCoV, deux grande enquêtes de santé publique conduites au décours du confinement et visant à évaluer l’impact de l’épidémie dans la population générale française.

La première SAPRIS (SAnté, Perception, pratiques, Relations et Inégalités Sociales en population générale pendant la crise COVID-19) a été conduite auprès de 130.000 volontaires déjà inclus dans de grandes cohortes en population générale et la seconde EpiCoV (Enquête Epidémiologique et Conditions de Vie) a rassemblé 135.000 personnes représentatives de la population vivant en France.

Elles ont à la fois permis d’établir une évaluation de la séroprévalence existante sur le territoire au début de l’été et de préciser les facteurs de risque sociodémographiques et sociaux exposant à un risque d’infection.

SAPRIS : une séroprévalence faible même dans les régions les plus touchées

Des participants issus de plusieurs grandes cohortes (Constances, E3N-E4N, NutriNet-Santé, Elfe-Epipage2) ont été contactés et invités à remplir un questionnaire à partir du 1er avril 2020 puis à la fin du confinement afin de préciser les données sociodémographiques et cliniques (symptômes évocateurs, réalisation de test RT-PCR, diagnostic de COVID-19…). Par ailleurs, ceux qui avaient répondu avaient été invités à tester leur séroprévalence entre début mai et fin juin 2020, grâce à un autoprélèvement sur buvard.

Au total, 14.628 échantillons sanguins ont été analysés dans le cadre de l’étude SAPRIS, au sein des deux régions les plus touchées (Ile-de-France et Grand-Est) et l’une des régions les moins touchées (Nouvelle-Aquitaine). La séroprévalence (ELISA-protéine S positif) y a été estimée à 10,0%, 9,0% et 3,1% respectivement. Ceux qui présentaient un test positif avaient plus souvent déclarés des symptômes évocateurs que les autres. Par ailleurs, le test ELISA était positif chez 74% de ceux qui avaient présenté un test RT-PCR positif, chez 47% de ceux ayant présenté une anosmie ou une agueusie, 44% de ceux ayant eu un diagnostic médical de COVID-19 et 3,7% de ceux ayant déclaré n’avoir eu aucun symptômes. Il existait une association positive entre la séroprévalence et un jeune âge, ou le fait de vivre avec au moins un enfant ou adolescents, tandis qu’il existait une association inverse entre la séroprévalence et le fait d’être fumeur. Ces données confirment les premières études françaises et sont cohérentes avec celles disponibles au niveau européen.

EpiCoV : inégalités sociales et territoriales renforcées

Cette étude s’est déroulée entre le 2 mai et le 2 juin 2020 et a interrogé par téléphone et internet 135.000 participants de 15 ans ou plus sur l’ensemble du territoire français. Parmi eux, certains se sont vus proposer un test de séroprévalence, permettant l’analyse de 12.400 échantillons.

Ainsi, le taux de séroprévalence a été estimé à 4,5% en France métropolitaine, avec un maximum dans les départements de la petite couronne francilienne (9,5%) et le Haut-Rhin (10,8%).

Plusieurs facteurs de vulnérabilité ont été identifiés : les taux de séroprévalence parmi les personnes habitant dans une commune à forte densité urbaine (6,4%) ou dans une zone prioritaire (8,2%), ou celles vivant dans un logement exigu ou surpeuplé (9,2%), étaient 2 à 2,5 fois plus élevés que chez les autres. De même le taux de positivité était de 11% parmi les professionnels de santé, soit le double des autres actifs participants. Le pic de séroprévalence concernait les 30-49 ans (6,9%) alors que ce chiffre n’était que de 1,3% au-delà de 65 ans. Il était également plus élevé chez les personnes immigrées ou descendantes d’immigrés non européens (9,4% et 6,2%) que chez les personnes non immigrées.