COVID-19 : repérer une infection active grâce à un seul prélèvement nasal

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

En mai 2020, plusieurs équipes de recherche avaient montré que chez environ 20% des patients hospitalisés en réanimation pour une forme grave de COVID-19, l’interféron IFN-I était indétectable dans le sang, du fait de la présence d’auto-anticorps dirigés contre lui.

Une équipe française a comparé la réponse IFN-I au niveau nasal chez des patients ayant une forme légère de COVID-19 et chez ceux ayant une forme sévère. Cette réponse était mesurée à partir du même écouvillon que celui utilisé pour le dépistage du SARS-CoV-2, grâce à une technique développée par bioMérieux (système BIOFIRE®FILMARRAY®) pour d’autres pathologies infectieuses et permettant l’amplification, la détection et l’analyse des échantillons en une heure environ.

Chez les patients ayant une forme légère de la maladie, la réponse IFN-I nasale était proportionnelle  à la quantité de virus, qui est elle-même corrélée au risque de transmission. Cela signifie que cette réponse pourrait être utilisée comme marqueur d’une infection active chez un patient dont le test RT-PCR est positif, mais sans qu’il soit possible a priori de déterminer si le virus est vivant ou mort. Réciproquement, une réponse négative pourrait éviter la quarantaine à quelqu’un dont le test RT-PCR est positif. Comme l’explique le Dr Sophie Trouillet-Assan, une des signataires de l’étude, avec un seul prélèvement par écouvillonnage nasal, « s’il y a un peu de virus et pas d’IFN-I dans le prélèvement, le patient a été malade mais n’est plus contagieux. À l’inverse, s’il y a une grande quantité de virus et d’IFN-I, cela plaide en faveur d’un isolement. »

 L’étude a obtenu un autre résultat intéressant. Chez des patients admis en réanimation pour une forme sévère de COVID-19 et ayant des anticorps anti-IFN-I, une absence de réponse IFN-I a été mise en évidence dans les prélèvements nasaux alors même qu’ils contenaient de grandes quantités de particules virales. Ainsi, la réponse IFN-I au niveau nasal couplée à une évaluation de la présence d’auto-anticorps anti-IFN-I dans le sang des patients ayant un test RT-PCR positif pourrait aider à évaluer ceux à risque de développer une forme sévère dès le début de l’infection.

Ce travail ouvre également des perspectives thérapeutiques en utilisant précocement les traitements basés sur les interférons non ciblés par les auto-anticorps chez les patients ayant un COVID-19 et un déficit de la réponse IFN-I.

Publié dans le Journal of Experimental Medicine, ce travail a été réalisé par une équipe rassemblant plusieurs institutions : Hospices Civils de Lyon, CHU de St Etienne, Université Claude Bernard Lyon1, Université de Paris, Inserm, CNRS, ENS de Lyon au Centre International de Recherche en Infectiologie (équipes VirPath, LYACTS, GIMAP) et le laboratoire commun des Hospices Civils de Lyon-bioMérieux en collaboration avec l’Institut des maladies génétiques Imagine (Hôpital Necker – Enfants malades AP-HP Université de Paris).