COVID-19 : que viennent faire l’adiponectine et la leptine dans le risque infectieux ?
- Nathalie Barrès
- Résumé d’articles
À retenir
Une étude italienne s’est intéressée au profil anthropométrique et inflammatoire de patients atteints de formes plus ou moins sévères de COVID-19 et consultants aux urgences. Les résultats de cette étude suggèrent que le ratio adiponectine (adipokine anti-inflammatoire)/leptine (adipokine pro-inflammatoire) pourrait être un marqueur d’un mécanisme de protection homéostatique qui limiterait les dommages associés à l’inflammation systémique.
Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?
Le rôle des adipokines dans les infections aiguës et les maladies graves est encore aujourd’hui mal compris. Par ailleurs, plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer l’association entre obésité et risque de COVID-19 grave. L’augmentation des cytokines pro-inflammatoires produites par les tissus adipeux, telles que la leptine, le TNF-alpha et l’IL-6 pourrait contribuer à l’amplification de l’inflammation au niveau systémique chez les patients obèses. Cependant, bien que des données théoriques suggèrent que l’adiponectine et la leptine modulent l’inflammation pulmonaire, peu de preuves supportent l’implication réelle de ces deux adipokines dans la COVID-19.
Méthodologie
Cette étude monocentrique observationnelle italienne a été menée auprès de 60 patients atteints de COVID-19 admis aux services d’urgences d’un hôpital italien. Onze patients avaient une forme légère et n’ont pas été hospitalisés, 25 une forme modérée nécessitant une hospitalisation sans soins intensifs et 24 une forme sévère ayant conduit à l’admission en soins intensifs ou au décès. Les données anthropométriques ont été recueillies et les taux d’adiponectine et de leptine mesurés chez tous ces patients.
Principaux résultats
La majorité des patients était des hommes (68%), dont l’âge médian était de 59 ans. L’indice de masse corporelle (IMC) médian était de 27,0 kg/m2, le taux médian de leptine était de 5,7 ng/mL et celui d’adiponectine de 14,8 µg/mL. Au global, 43% des sujets étaient en surpoids, 32% obèses et 20% avaient un diabète de type 2.
Les taux d’adiponectine et de leptine étaient équivalents quelle que soit la sévérité de la maladie, et les ratios adiponectine/leptine étaient respectivement de 1,2, 5,9 et 2,1 pour les formes légères, modérées et sévères. Les ratios adiponectine/leptine étaient corrélés avec les taux d’inflammation systémique mesurés par la protéine C réactive. En revanche, ni les taux d’adiponectine, ni les taux de leptine seuls n’étaient corrélés au taux d’inflammation systémique.
Dans un modèle ajusté sur l’âge, le sexe, l’IMC, le diabète et l’hypertension, le taux de CRP s’est révélé être significativement et positivement corrélé au ratio adiponectine/leptine.
Les auteurs de cette étude suggèrent que l’augmentation du ratio adiponectine/leptine, du fait de l’augmentation de l’adiponectine et de la réduction de la leptine, pourrait compenser la réponse inflammatoire systémique. En effet, l’augmentation du ratio adiponectine/leptine pourrait être le marqueur d’un mécanisme de protection homéostatique limitant les dommages associés à l’inflammation systémique. Ceci est soutenu par l’observation que les patients qui avaient une COVID-19 légère avaient un ratio bas (statut inflammatoire moindre), ceux qui avaient une COVID-19 modérée, un ratio élevé (réponse adéquate) et ceux atteints de COVID-19 sévère un ratio similaire à celui du groupe atteint d’une forme légère de COVID-19 (potentiellement défaut de la réponse inflammatoire).
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé