COVID-19 : qu’est-ce que la stratégie de « vaccination réactive » préconisée par la HAS ?

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Alors que l’épidémie de COVID-19 est en forte décrue en France, un des défis actuels est de limiter la diffusion de variants plus contagieux tels que le variant delta (indien), afin de ne pas se retrouver dans la même situation que l’Angleterre qui observe une croissance exponentielle des contaminations. Pour cela, la Haute autorité de santé (HAS) recommande  une stratégie de « vaccination réactive ».

Qu’est-ce que la vaccination réactive ?

La stratégie de vaccination réactive consiste à vacciner autour des personnes infectées pour limiter la diffusion d’un variant. Ainsi, lorsqu’un cas de COVID-19 lié à un variant préoccupant (VOC) ou un variant d’intérêt (VOI) est identifié, il est proposé de vacciner l’ensemble de l’entourage de ce cas, c’est-à-dire l’ensemble des individus de son foyer mais aussi les personnes sur son lieu de travail et/ou à son école/université. Les personnes de l’entourage concernées sont celles éligibles à la vaccination, non encore vaccinées ou incomplètement vaccinées. Cette stratégie est déjà expérimentée depuis quelques semaines sur le terrain, par exemple à Bordeaux, Brest et Strasbourg, afin de compléter la stratégie « Tester - Alerter – Protéger ».

Cette stratégie de vaccination réactive est plus large que la stratégie « en anneau » qui consiste à vacciner autour d’un cas avéré uniquement les cas contacts directs (de première génération) et les cas contacts de ces derniers (deuxième génération). Cette stratégie ne semble pas pertinente du fait de la courte durée d’incubation (5 jours en moyenne) et d’une protection vaccinale qui débute environ 12 jours après l’injection du vaccin.

Quand faut-il instaurer une vaccination réactive ?

Une stratégie de vaccination réactive pourrait être envisagée « devant la survenue de cas d’infection par certains variants préoccupants et variants d’intérêt du SARS-CoV-2 encore peu présents sur le territoire ciblé et à la suite d’une investigation de l’Agence régionale de santé (ARS) et de la cellule régionale de Santé publique France pour remonter la chaîne de contamination ».

Afin qu’elle soit efficace, cette stratégie doit :

  • Être mise en place très rapidement, dès la détection du premier cas de variant. Cela nécessite « la mobilisation rapide de l’ensemble des acteurs pour l’administration du vaccin dans les lieux fréquentés par l’entourage des cas, par exemple par l’intermédiaire d’une équipe mobile ou de centres de vaccination éphémères, mais aussi de l’ensemble des professionnels de santé en ville et en médecine du travail ».
  • Obtenir une acceptabilité optimale par la population concernée. Pour cela, la HAS préconise une communication adaptée afin que l’intérêt d’une telle stratégie soit bien compris.

Quels vaccins utiliser ?

Le choix du vaccin à utiliser dépend du variant détecté et des connaissances sur l’efficacité des différents vaccins vis-à-vis de ce variant. Selon les connaissances actuelles, l’efficacité des vaccins à ARNm apparaît globalement conservée contre les variants beta (B.1.351), gamma (P.1) et delta (B.1.617.2) alors que l’utilisation du vaccin Vaxzevria® (AstraZeneca) n’est pas préconisée en cas de circulation du variant beta (B.1.351). De plus, la HAS estime que d’après les données disponibles, les vaccins à ARNm semblent offrir une meilleure efficacité après une dose ainsi qu’un début de protection plus précoce que Vaxzevria® « même si les différences observées dans les études observationnelles sont plus faibles que celles observées antérieurement dans les essais ». Ainsi, en l’état actuel des connaissances, la HAS estime que dans le cadre d’une stratégie de vaccination réactive, l’utilisation des vaccins à ARNm devrait être privilégiée (quel que soit le vaccin reçu antérieurement), en respectant un délai de 3 à 4 semaines entre les deux doses de vaccin à ARNm.