Covid-19 : où en est-on ?
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
L’épidémie de Covid-19 est-elle en train de repartir, comme le suggèrent quelques titres de la presse nationale ? Le dernier point de situation1 (23 août 2023) de Santé Publique France est pourtant rassurant, même en tenant compte de l’émergence de nouveaux variants.
Une augmentation modérée du nombre de passages en urgence
Du 14 au 20 août 2023, une recrudescence du nombre de passages en urgence pour suspicion de Covid-19, tous âges confondus, a effectivement été observée (+41% par rapport à la semaine précédente). Mais ce nombre reste faible (2.197 versus 1.555 la semaine précédente) et ne s’est pas accompagné d’une augmentation des hospitalisations. Les actes médicaux de SOS Médecins pour suspicion de Covid-19 ont connu la même progression (+41%), passant de 1.888 à 2.670 sur la même période, donc à un niveau qui reste bas. Enfin, l’incidence des cas confirmés biologiquement a elle aussi augmenté (+47%), passant de 12,4 cas pour 100.000 habitants à 18,2 cas pour 100.000 habitants, soit 12.318 cas. Cette augmentation concerne toutes les classes d’âge, mais est plus élevée chez les personnes de 80 ans et plus (taux d’incidence de 45,1 chez les 80-89 ans et 68,8/100.000 chez les 90 ans et plus). Ces évolutions concernent l’ensemble du territoire métropolitain, mais plus particulièrement les régions touristiques.
Dans son allocution du 9 août 2023, le Directeur général de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a fait remarquer que la situation globale reste nettement meilleure qu’il y a un an, mais aussi que « le nombre de pays communiquant des données à l’OMS a considérablement diminué ». Dans tous les pays, dont la France, la surveillance épidémiologique du Covid-19 s’est relâchée, ce qui rend impossible des évaluations précises et ne permet d’observer que des tendances. Pour le Directeur de l’OMS, « le risque subsiste qu’un nouveau variant plus dangereux apparaisse et fasse augmenter brusquement le nombre de cas et de décès ».
C’est précisément la crainte née de l’émergence de deux nouveaux variants issus d’Omicron, EG.5 (également appelé Éris) et BA.2.86.
Deux variants sous surveillance
Parmi les nombreux sous-lignages d’Omicron circulant actuellement en France, la prévalence d’EG-5 semble se stabiliser autour de 30%. Ce variant a été classé « d’intérêt » par l’OMS3, du fait de sa prévalence et de ses propriétés d’échappement immunitaire (mais il est sensible à l’immunité acquise par une contamination précédente par le virus ou par une vaccination). Le risque qu’il pose en termes de santé publique est jugé faible, parce qu’il ne semble pas augmenter la sévérité du Covid-19 par rapport aux autres sous-variants circulants. Les données françaises exposées plus haut confirment cette évaluation.
Jusqu’à présent, BA.2.86 n’a pas été identifié en France. Il a été placé sous surveillance par l’OMS4, mais classé comme variant d’intérêt par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC – European Centre for Disease Prevention and Control). Il a une mutation de la protéine Spike (F456L) qui lui donnerait un avantage compétitif par rapport aux autres sous-variants d’Omicron, mais cela ne suffit pas à le qualifier de « variant of concern » (variant préoccupant). En effet, comme l’explique Erik Alm5, expert auprès de l’ECDC, il lui manque trois critères pour cela : augmenter la sévérité de la maladie, compromettre le fonctionnement des systèmes de santé, diminuer l’efficacité vaccinale.
En résumé, la situation est donc globalement satisfaisante. Mais cela ne signifie pas qu’elle le restera, d’où les appels des autorités sanitaires françaises, de l’ECDC et de l’OMS à poursuivre le respect des gestes barrières et à vacciner les personnes vulnérables.
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