COVID-19 : nouvelles du front
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Il y a trois ans, le Président de la République annonçait solennellement notre entrée en guerre contre le SARS-CoV-2. Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a prédit la fin probable de la pandémie pour cette année. Le chef des programmes d'urgence de l’OMS a, lui, considéré que le COVID-19 sera bientôt comparable à la menace de la grippe saisonnière, « à savoir une menace pour la santé, un virus qui continuera à tuer, mais un virus qui ne perturbe pas notre société ou nos systèmes hospitaliers. »1
La situation française semble confirmer ce pronostic. En ce qui concerne le COVID-19, le nombre de patients hospitalisés reste aux alentours de 300 par jour, il y a entre 20 et 30 décès quotidiens, les hôpitaux et services d’urgence ne sont plus saturés, le nombre de vaccinés s’élève à 53 millions et le sous-variant d’Omicron en passe de devenir dominant, le XBB.1.5, est hautement transmissible mais moins sévère et entraîne moins de formes graves chez les personnes vaccinées. Les décès concernent essentiellement des personnes âgées dont le statut vaccinal n’est pas à jour ou des patients atteints de comorbidités ou immunodéprimés. La situation semble donc rassurante, même si la Haute Autorité de Santé, prudente, rappelle le « caractère imprévisible d’une nouvelle vague épidémique et de l’émergence de nouveaux variants plus virulents susceptibles d’entraîner une baisse de l’immunité contre les formes graves et les décès. »2
Quelques avancées scientifiques
Sur le plan scientifique, la maladie est de mieux en mieux comprise. Ainsi récemment, des chercheurs français ont montré que les personnes vaccinées après une infection à SARS-CoV-2 sont mieux protégées d’une réinfection par ce virus que les personnes seulement vaccinées3. Ce résultat a été obtenu en se basant non seulement sur les taux d’anticorps neutralisants dans le sang, mais aussi en constatant la multiplication du nombre des lymphocytes B mémoire dirigés contre le virus, qui peuvent être activés au niveau des muqueuses respiratoires, porte d’entrée du virus.
Un autre travail français4 a rapporté qu’une durée insuffisante de sommeil (inférieure à six heures par nuit), chez les adultes âgés de 18 à 60 ans, est associée à une forte diminution de la réponse à la vaccination. Pour les chercheurs, si cette étude a été menée sur les réponses immunitaires aux vaccins contre la grippe et l’hépatite, ses résultats sont extrapolables à celles dues aux vaccins à ARNm contre le SARS-CoV-2.
Quant à l’hypothèse d’une origine artificielle du virus, par accident de laboratoire ou manipulation délibérée, elle n’est pas formellement abandonnée, mais reste peu probable. Elle avait été largement médiatisée, avec souvent des accents complotistes, suite à la parution d’un article de cinq éminents experts dans la revue Nature Medicine, le 11 mars 2020, et surtout suite à la publication tronquée des courriels d’Anthony Fauci, conseiller scientifique à la Présidence des États-Unis. Ce caviardage l’avait fait suspecter de dissimulation de preuves. La publication de ces courriels dans leur intégralité, puis l’établissement de la chronologie des échanges entre le Dr Fauci et les cinq experts précités ont levé les doutes. Certains ont effectivement pensé à l’origine artificielle, mais ont expliqué qu’à l’époque, il s’agissait d’une « démarche scientifique normale », qui examine toutes les hypothèses plausibles5.
La question de l’air intérieur
Quelles leçons tirer de l’épidémie ? Le COVID-19 fait partie des quelques infections « aéroportées », c’est-à-dire « se propageant quasi exclusivement par voie aérosol, en milieu clos, de forte promiscuité et insuffisamment ventilé », explique Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à Genève6. Un excellent moyen de prévention est la mise en place de capteurs de CO2 (dont les taux aériens sont corrélés à ceux du virus) et de purificateurs d’air. Ils permettent non seulement de lutter contre le SARS-CoV-2, mais aussi contre les autres maladies aéroportées (varicelle, rougeole, grippe, virus respiratoire syncytial, etc) et de nombreuses émanations toxiques (monoxyde de carbone, benzène, formaldéhydes, etc). L’État a consenti un effort important pour les subventionner, relayé par certaines municipalités ou régions, mais l’équipement reste au total insuffisant (écoles, lycées, piscines, cantines, gymnases, etc). Et il faut penser à s’en servir ! Ce qui demande une éducation du public, peu développée actuellement. Aussi certains, comme Fabien Squinazzi, expert des risques environnementaux au Haut Conseil de santé publique, plaident pour une stratégie nationale coordonnée au niveau interministériel.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé