COVID-19. L’excès de mortalité, meilleure mesure de l’impact de la pandémie sur la santé des populations
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
L’excès de mortalité désigne la différence entre le nombre de décès constatés dans un pays sur une période donnée avec celui qui était attendu dans ce même pays pour la même période. De nombreux experts estiment que c’est la meilleure façon d’évaluer le poids de la pandémie de COVID-19 en termes de santé des populations, que les décès soient imputables directement au COVID-19 ou qu’ils incluent ceux qui ne se seraient pas produits en l’absence de saturation des systèmes de santé. C’est pourquoi l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a adopté ce critère pour la période mars 2020 - décembre 2021, non sans précautions. En effet, les données rapportées par de nombreux États ne peuvent pas être considérées comme fiables. C’est par exemple le cas de l’Inde, qui a annoncé 481.000 morts dus à la pandémie, alors que l’OMS estime que le nombre réel est d’environ 4,7 millions de morts en excès. Ce que le gouvernement indien conteste… Au total, l’OMS évalue à 15 millions le nombre de décès dus au COVID-19 dans le monde, soit environ le double des décès officiels. L’excès de mortalité s’établirait ainsi à 13% pour les deux années de pandémie.
Depuis le début de celle-ci, le New-York Times (NYT) a publié quotidiennement des mises au point à son sujet (« Coronavirus briefings »). Les informations ci-dessus en sont extraites. Le journal constate que globalement, les pays avec les plus importants excès de mortalité sont ceux à revenus élevés ou moyens. Mais ça n’est pas une règle et les disparités dans une même catégorie de revenus sont importantes. Par exemple, l’excès de mortalité s’élève à 97% pour le Pérou ! 41% pour le Mexique, 24% pour le Brésil, 29% pour l’Iran, 31% pour la Russie, alors qu’il n’est estimé qu’à 17% pour l’Algérie ou 2% pour le Kénya.
Les États-Unis, un pays riche et pourtant de mauvais résultats
Les États-Unis, eux, atteignent un taux de 15%, avec plus d’un million de morts dus au COVID-19. La question posée par les journalistes du NYT est alors simple : comment se fait-il qu’un pays disposant d’autant de ressources médicales (vaccins, traitements antiviraux, masques, tests, etc) ait fait plus mal que la plupart des pays ayant un niveau équivalent de richesse (par exemple, 12% pour l’Italie, le Royaume Uni et l’Espagne, 11% pour l’Allemagne, 9% pour les Pays-Bas) ?
La réponse n’est pas univoque. Il faut d’abord considérer l’âge des patients décédés : les trois quarts avaient 65 ans ou plus. Aux États-Unis, le COVID-19 a emporté 1% de cette tranche d’âge et 3% de la tranche 85 ans et plus. Cela signifie aussi que plus de 232.000 décès sont survenus chez des malades de moins de 65 ans.
Dans toutes les tranches d’âge, la proportion de personnes de couleur (Noirs et Hispaniques) a été plus élevée que chez les autres. Pour les experts, cela s’explique par le fait que la plupart des métiers exposés (les fameux « métiers essentiels ») se recrutent dans ces populations et que celles-ci avaient des taux de vaccination moindres pendant les premiers mois où elle était disponible.
Second facteur : les politiques publiques des différents États. Ainsi, au début de la pandémie, ce sont surtout ceux du Nord-Est qui avaient le plus de décès, parce que plus urbanisés. En revanche, ce sont ceux du Sud qui ont eu en définitive les excès de mortalité les plus importants sur toute la période : les taux de vaccination et de rappels y étaient les plus bas et les responsables politiques n’y ont pas encouragé les mesures de distanciation. Même si de nombreux décès se sont produits chez des personnes vaccinées, la grande majorité sont survenus chez des personnes non vaccinées. À cela s’ajoute un système de santé américain trop fortement décentralisé, entravant les mesures communes, et débordé, ne pouvant faire face efficacement aux besoins de tests, traçages et traitements.
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