COVID-19 : Les masques en population générale sont-ils vraiment utiles ?
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Les débats actuels autour de la disponibilité des masques en population générale présupposent qu’ils sont efficaces pour limiter la propagation du virus SARS-CoV-2, à rebours de ce que les experts du Conseil scientifique auraient déclaré il y a quelques semaines. Or si les études récentes ont tendance à confirmer leur utilité, à condition que les autres mesures barrières soient respectées, aucune n’en donne une preuve irréfutable, du moins en ce qui concerne les masques « grand public ».
Une étude observationnelle à Hong-Kong
À Hong-Kong, le port d’un masque a été préconisé dès les premiers stades de l’épidémie. Une équipe chinoise a réalisé une étude observationnelle du 6 au 8 avril ; elle a montré qu’en moyenne 96,6% de la population en portait effectivement dans les espaces publics. Elle remarque que le nombre d’infections par SARS-CoV2est statistiquement plus faible à Hong-Kong (129,0/million) que dans les États qui ne préconisent pas de masque pour l’ensemble de leur population (p<0,001) : Espagne 2983.2 ; Italie: 2250.8 ; Allemagne ; 1241.5 ; France: 1151.6 ; U.S.: 1102.8 ; U.K.: 831.5 Singapour: 259.8 ; Corée du Sud: 200.5.
De plus, elle a comparé des groupes de patients COVID-19 selon qu’ils avaient été impliqués dans des activités de loisirs (restaurant, karaoké, salles de sport) sans utilisation de masques ou selon leur présence sur leur lieu de travail avec utilisation de masques. Le nombre d’infections dans les situations sans masques est statistiquement plus élevé (p=0,036).
Mais le niveau de preuve de l’étude est faible : il s’agit d’une étude rétrospective, publiée en préprint et sans examen des modes de transmission sans masques dans un cadre familial ou de voisinage.
Une modélisation
Colin J. Worby (MIT, USA) et Hsiao-Han Chang (National Tsing Hua University, Taiwan) ont réalisé une modélisation dont les résultats montrent que le niveau de protection de la population dépend de l’abondance de l’approvisionnement et de la qualité des masques. D’une manière générale, fournir des masques à la population en bonne santé dès le début de l’épidémie (avec priorité aux personnes âgées) est le scénario idéal pour diminuer le nombre de cas et de décès. En cas de problème d’approvisionnement, la meilleure stratégie est la distribution ciblée sur les personnes à risque. Et même si les masques sont faiblement efficaces (masques artisanaux, par exemple) et même s’ils ne sont adoptés que par une proportion limitée de la population, une réduction significative de la mortalité peut être obtenue, entre 30 et 65%.
Si la modélisation ne fait pas preuve, celle-ci est en revanche bien conduite et semble donner des scenarii vraisemblables.
Quels masques artisanaux ?
Une équipe américaine a testé différents types de masques artisanaux. Elle recommande des masques fabriqués à partir d’une couche de coton à forte densité de fibres accolée à deux couches de soie naturelle ou de mousseline. Enfin, le HCSP (Haut Conseil de la santé publique) a rappelé qu’idéalement les masques grand public devraient respecter les préconisations AFNOR et qu’ils ne sont efficaces que correctement portés et entretenus. Surtout, il insiste sur le fait que « le port de masque grand public est une mesure complémentaire des mesures classiques de distanciation physique, des autres gestes barrières, d’hygiène des mains, d’aération des locaux et de nettoyage-désinfection des surfaces. »
Actualisation au 6/05/2020. Santé Publique France vient de publier un "état des connaissances sur la généralisation de l’utilisation des masques dans l’espace public".
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