Covid-19 - L’épidémie a augmenté les risques de surpoids et d’obésité chez les enfants de 4 ans

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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Dans quelle mesure les fermetures de crèches et d’écoles pendant l’épidémie de Covid-19 ont-elles affecté le statut staturo-pondéral des enfants ? Pour y répondre, la Direction de la protection maternelle et infantile (PMI) du département du Val-de-Marne a lancé une enquête quasi-exhaustive sur l’ensemble des enfants scolarisés en moyenne section (enfants de 4,5 ans en moyenne). En effet, dans cette classe, un bilan de santé est réalisé chaque année. Les données pseudonymisées de 48.119 enfants ont pu être recueillies sur les années scolaires 2018-2019, 2019-2020 et 2020-2021 (sur 48.680 enfants).

Le statut staturo-pondéral a été évalué avec le Zscore de l’IMC (indice de masse corporelle – IMCz). Pour mémoire, celui-ci « lisse » l’IMC en fonction de l’âge et du sexe. Un IMCz compris entre 25 et 30 signale un surpoids et supérieur à 30 une obésité.

De plus, l’évaluation a tenu compte de la zone de l’école fréquentée par chaque enfant : « normale », réseau d’éducation prioritaire (REP –26% des enfants) ou prioritaire renforcée (REP+ –3% des enfants), où les difficultés sociales sont les plus élevées.

Dans la première année de l’étude, avant l’épidémie de Covid-19, 86,8% des enfants n’ont ni surpoids, ni obésité. le pourcentage d’enfants en surpoids augmente significativement de +2,6% et celui des enfants obèses de +1,8%.

Par rapport à l’année de référence 2018-2019, en 2020- 2021, en termes d’effectifs, le pourcentage d’enfants en surpoids augmente significativement de +2,6% et celui des enfants obèses de +1,8%. En termes de risque, en analyse multivariée, le risque d’être en surpoids est significativement plus élevé (Odds ratio (OR) 1,37 [1,28-1,47]) ainsi que celui d’être obèse (OR 1,70 [1,51-1,89]).

  • Le fait d’être une fille augmente le risque de surpoids (OR 1,65 [1,55-1,75]) et d’obésité (OR 1,63 [1,47-1,80].

  • Habiter en REP augmente le risque de surpoids (OR 1,52 [1,42-1,62]) et d’obésité (OR 1,92 [1,74-2,13]), ainsi qu’habiter en REP+ (respectivement OR 1,54 [1,30-1,82] et OR 2,04 [1,60-2,61]).

  • Fréquenter une cantine diminue le risque de surpoids (OR 0,89 [0,82-0,96]) et d’obésité (OR 0,87 [0,77-0,98] ainsi que fréquenter une garderie (respectivement OR 0,93 [0,87-0,99] et OR 0,85 [0,76-0,95]).

Il existe plusieurs hypothèses pour expliquer ces résultats, non exhaustives l’une de l’autre. Deux sont bien documentées dans la littérature :

  • La réduction de l’activité physique, accentuée par la restriction des sorties due à la peur des parents que leur enfant contracte le Covid-19.

  • L’augmentation de la consommation de produits transformés et du grignotage pendant le confinement.

Cette étude met en évidence une association bien connue entre surpoids, obésité et contexte socio-économique défavorable. Or, la pandémie a accru les inégalités socio-économiques, ce qui semble avoir eu pour conséquence d’atteindre la santé des enfants, d’autant que les messages de prévention sur l’alimentation et l’activité physique ont quasiment disparu pendant l’épidémie.

Il n’est pas évident que l’augmentation du surpoids et de l’obésité constatée perdure. Mais les auteurs craignent la pérennisation des habitudes délétères acquises et plaident pour des actions de prévention mises en œuvre par les professionnels de la PMI auprès des familles.