COVID-19 : Le neurotropisme du SARS-Cov-2 à l’origine des décès par insuffisance respiratoire ?

  • Li YC & al.
  • J Med Virol
  • 7 avr. 2020

  • Par Agnès Lara
  • Résumé d’articles
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • Si le neurotropisme des virus de la famille des coronavirus est connu, le mode d'entrée du virus dans le système nerveux central l'est beaucoup moins.
  • Chez l'animal, la présence du SARS-Cov, très proche du SARS-Cov-2, a été observée dans certains noyaux du tronc cérébral en lien avec les automatismes de la respiration.
  • Une entrée par les terminaisons des nerfs olfactifs et une remontée vers les centres représentent l'une des hypothèses actuellement retenues, qui pourrait expliquer les décès par insuffisance respiratoire.

 

Selon les données en provenance de Wuhan, les symptômes inauguraux les plus courants du COVID-19 sont la fièvre (83% à 99%) et une toux sèche (59,4% à 82%). Une majorité de ceux qui développent une détresse respiratoire nécessite une assistance respiratoire, et plus de la moitié d’entre eux requièrent des soins intensifs. Parmi ces derniers, 46% à 65% décèdent d’une insuffisance respiratoire. On sait aujourd’hui que le tropisme du virus n’est pas limité à l’appareil respiratoire, mais qu’il peut aussi envahir le système nerveux central (SNC). Ce neurotropisme est d’ailleurs partagé par différents types de coronavirus. Dès lors, la question du lien possible entre présence du virus dans le SCN et insuffisance respiratoire mérite d’être posée pour peut-être ensuite espérer réduire les décès.

Une entrée du virus via les nerfs olfactifs ?

La principale porte d’entrée du SARS-Cov (Severe Acute Respiratiry Syndrome CoV) que l’on connaît mieux est le récepteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2) qui est présent dans les cellules épithéliales des voies respiratoires, le parenchyme pulmonaire, les cellules endothéliales vasculaires, les cellules rénales et de l’intestin grêle. Mais cette voie n’est pas suffisante puisque l’on retrouve le virus dans les hépatocytes qui ne l’expriment pas et dans le système nerveux central où le niveau d’expression est très bas. Des expériences menées chez des animaux transgéniques avec le SARS-Cov et le MERS-Cov (Middle East Respiratory Syndrome CoV) suggèrent que le virus pourrait entrer dans le SNC via les nerfs olfactifs avant de diffuser vers différentes aires cérébrales.

L’atteinte des centres respiratoires bulbaires

Les voies d’entrée du virus dans le SNC ne sont pas clairement identifiées, mais de plus en plus d’éléments de preuve suggèrent que les coronavirus passent par les terminaisons nerveuses périphériques, puis remontent vers les centres via les neurones en franchissant les synapses. Chez l’animal, le virus semble particulièrement présent dans le tronc cérébral, en particulier le noyau du tractus solitaire et le noyau ambigu situés dans les centres bulbaires qui interviennent dans les automatismes respiratoires. Étant donné la proximité génétique entre le SARS-Cov et le SARS-Cov-2, il est probable que le second fonctionne à l’image du premier. L’une des hypothèses actuellement envisagées est que les décès liés au COVID-19 pourraient être dus à une défaillance des centres cardiorespiratoires. Et les données épidémiologiques dont on dispose concernant le délai entre les premiers symptômes et les signes respiratoires sont compatibles avec une pénétration du virus jusqu’au tronc cérébral et l’atteinte des centres respiratoires bulbaires. À suivre…