COVID-19 : la transfusion de plasma de patients convalescents à l’essai en France
- Agnès Lara
- Actualités Médicales
Le principe n’est pas nouveau. L’utilisation de plasma sanguin de patients guéris d’une infection virale pour traiter ceux encore en phase aiguë de la maladie a déjà été expérimentée lors de précédentes grandes épidémies (SARS, H1N1, grippe aviaire, Ebola…) et avait semblé réduire la mortalité. Le rationnel de cette approche repose sur le fait que les patients guéris ont produit des anticorps contre le virus et que le transfert de cette immunité pourrait aider ceux qui ne l’ont pas encore acquise en freinant la réplication du virus. D’autres composants plasmatiques pourraient également agir en restaurant les paramètres de la coagulation (1).
Résultats préliminaires encourageants chez 5 patients chinois
Une équipe chinoise a donc testé tout récemment ce principe dans une série de 5 cas sévères de COVID-19 pris en charge à l’hôpital de Shenzen (2). Les 5 patients avaient un syndrome respiratoire aigu lié au COVID-19 qui nécessitait une ventilation mécanique, l’un d’eux recevait une oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO), et deux d’entre eux avaient une pneumonie bactérienne ou fongique. La présence dans le plasma des donneurs d’anticorps (IgM et IgG) capables de neutraliser le SARS-Cov-2 était avérée par des tests in vitro. Les patients receveurs, qui étaient sous lopinavir/ritonavir et interféron, ont vu leur état et leurs constantes s’améliorer une semaine environ après la transfusion (fièvre, score SOFA, PAO2/FIO2). La concentration en anticorps neutralisants a augmenté et les prélèvements bronchiques sont devenus négatifs au SARS-Cov-2 en 1 à 12 jours. Ces résultats encourageants nécessitent cependant d’être confirmés par un essai contrôlé randomisé.
La transfusion de plasma, nouvel espoir contre le COVID-19 ?
De nombreux Instituts de recherche et laboratoires pharmaceutiques travaillent actuellement sur cette approche. La France n’est pas de reste puisque l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (APHP) vient de lancer l’essai Coviplasm, mené par le Pr Karine Lacombe, chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Antoine, en partenariat avec l’Inserm et l’Établissement français du sang. Les premiers prélèvements ont démarré le 7 avril en Ile-de-France, dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté. Près de 200 patients guéris depuis au moins 14 jours sont actuellement sollicités pour donner leur plasma, et 60 patients hospitalisés pour une infection à COVID-19 seront inclus dans l’essai. La moitié d’entre eux bénéficiera d’une transfusion de plasma de patients convalescents à partir du jour 6 (plus ou moins 1 jour) de début des symptômes cliniques (4 unités de 200 à 220 ml/patient au total), l’autre constituera le groupe contrôle. L’évaluation aura lieu deux à trois semaines plus tard. Et l’essai pourra bien sûr être élargi à un plus grand nombre de patients si les résultats d’efficacité et de tolérance sont positifs (3).
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