COVID-19 : la place grandissante des tests antigéniques

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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Les connaissances et les préconisations sur l’utilisation des tests diagnostiques ou de dépistage du SARS-CoV-2 évoluent rapidement. Si la RT-PCR sur prélèvement nasopharyngé reste la méthode de référence, la recherche d’alternatives s’impose de plus en plus. En effet, comme l’indique l’Académie de médecine dans son communiqué du 9 octobre, les filières de tests sont embouteillées, malgré la création de plus de 4.000 centres réservés aux personnes prioritaires, seuls 400 laboratoires environ étant en mesure de réaliser des tests RT-PCR. 

Une de ces alternatives est représentée par les tests antigéniques (détection de l’antigène viral sur prélèvement nasopharyngé). Après avoir indiqué les performances requises pour leur utilisation (sensibilité minimale supérieure à 80% et spécificité minimale supérieure à 99%), la HAS (Haute Autorité de Santé) a défini leur stratégie d’utilisation. Elle est basée sur leurs propriétés : sensibilité non optimale, mais haute spécificité, facilité de réalisation (possible en dehors des laboratoires de biologie médicale) et rapidité des résultats (moins de 30 minutes). Pour elle, ces caractéristiques ne sont pas suffisantes pour recommander leur utilisation comme moyen de dépistage en population générale (pas de bénéfice attendu, rendement « probablement très faible »).

En revanche, elle distingue trois situations cliniques qui doivent les faire privilégier.

1- Patients symptomatiques si le résultat du test RT-PCR ne peut pas être obtenu en moins de 48 heures. Le test antigénique doit être réalisé dans les 4 jours après l’apparition des symptômes (et non 7 comme l’Agence l’avait indiqué précédemment). Il est inutile de confirmer un test positif par un test RT-PCR. Signalons que pour l’Académie de médecine, les test RT-PCR ne devraient être réservés qu’aux seules personnes disposant d’une prescription médicale (patients symptomatiques et cas contacts).

2- Patients asymptomatiques à risque de développer une forme grave de la maladie (ayant plus de 65 ans ou un facteur de risque). L’agence préconise de vérifier le résultat par un test RT-PCR si le test antigénique est négatif.

3- Personnes asymptomatiques, non contacts, mais vivant ou travaillant dans des lieux confinés. Les tests seront alors réalisés dans le cadre d’un dépistage visant à débusquer les clusters. La position de l’Académie de médecine est encore moins restrictive. Pour elle, les tests antigéniques doivent être « largement mis en œuvre en médecine de ville, dans les EHPAD, les établissements de santé, les écoles, lycées et universités, les entreprises, les prisons, les aéroports, etc. » Elle précise que tout résultat négatif doit être confirmé par un test RT-PCR « en cas d’exigence réglementaire (voyage aérien par exemple) ».

Le test RT-PCR reste privilégié chez les personnes contacts sans symptômes identifiées isolément ou dans un cluster. Cependant, la HAS indique qu’elle sera peut-être amenée à réviser sa position, plusieurs études sur le sujet devant être publiées prochainement.

Pour terminer, signalons que l’Académie de médecine a formulé récemment une nouvelle prise de position sur la stratégie à adopter vis-à-vis de la pandémie, en relevant ce passage savoureux : « Éviter une terminologie (couvre-feu) évoquant plus des ordonnances de sécurité intérieure que des mesures de santé publique. »