COVID-19 : la lymphopénie est un marqueur de sévérité

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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La lymphopénie est un marqueur de gravité du COVID-19 : elle existe chez plus de trois patients sur cinq hospitalisés en raison de cette maladie. Or il existe une déplétion sanguine en lymphocytes CD4 chez les patients atteints de SIDA. Une équipe franco-canadienne (Inserm/Université de Paris, Université Laval à Québec, en collaboration avec le CHU de Nîmes et l’hôpital de Braga au Portugal), ayant beaucoup travaillé sur l’association entre SIDA et lymphopénie, a fait l’hypothèse que ce déficit cellulaire pourrait être associée à une apoptose des lymphocytes T lors de l’infection par le SARS-CoV-2 .

Ils ont recueilli des échantillons sanguins de patients hospitalisés pour COVID-19 (dont certains en soins intensifs) entre avril et juin 2020 et les ont comparés à ceux de donneurs sains. Ils ont ainsi montré que la lymphopénie était associée à la présence de plusieurs biomarqueurs de sévérité du COVID-19, d’une part, et que cette lymphopénie était due à l’apoptose des lymphocytes Th1 (T helper), d’autre part.

En outre, ils ont montré que ce processus pouvait être bloqué in vitro par l’administration d’un inhibiteur de caspase. Les caspases sont des enzymes intracellulaires (protéases à cystéine) indispensables au phénomène de l’apoptose.

Pour les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Cell Death & Differentiation (Nature), cette découverte ouvre la voie d’une piste thérapeutique chez les patients ayant un COVID-19 sévère. Un des auteurs indique ainsi : « L’idée est désormais de mettre en place des essais cliniques de phase 1 pour tester la sécurité des inhibiteurs de caspase chez l’Homme. Les lymphocytes T sont la clé de voûte du système immunitaire. Ainsi, ces molécules pourraient avoir une utilité à terme pour les patients présentant une lymphopénie lors de leur entrée à l’hôpital. »