COVID-19 : la HAS favorable à la vaccination des enfants de 5 à 11 ans, sans obligation

  • Anne-Gaëlle Moulun

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales par Medscape
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La Haute autorité de santé (HAS) s’est déclarée favorable, ce lundi 20 novembre, à la vaccination des enfants de 5 à 11 ans, sans obligation et sans que cela ne conditionne l’obtention d’un pass sanitaire [1]. «Si tout va bien, le 22 après-midi, nous démarrerons la vaccination des enfants dans les centres adaptés pour les enfants », avait anticipé samedi dernier le ministre de la Santé Olivier Véran sur France Inter.

 

5,7 millions d’enfants potentiellement

Après avoir recommandé le 30 novembre dernier la vaccination des enfants âgés de 5 à 11 ans particulièrement fragiles face au Covid-19 ou vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées, la HAS rend aujourd’hui un nouvel avis sur la vaccination de l’ensemble de cette classe d’âge, soit potentiellement 5,7 millions d’enfants.

« Pour rendre notre avis, nous nous sommes appuyés notamment sur les études cliniques fournies par le laboratoire Pfizer et sur les données de pharmacovigilance internationales en particulier américaines, grâce aux 7 millions d’enfants vaccinés aux États-Unis. Nous avons aussi étudié les modélisations mathématiques sur l’impact de la vaccination des enfants sur l’épidémie, les positions des différentes parties-prenantes auditionnées (associations d’usagers et de parents d’élèves, professionnels de santé, Éducation nationale…) ainsi que l’avis du Comité consultatif national d’éthique », a détaillé le Dr Lise Alter, directrice de l’évaluation et de l’accès à l’innovation à la HAS.

 

Rapport bénéfice/risque favorable

L’autorité a notamment noté que « les formes sévères de Covid-19 affectent rarement les enfants mais, lorsque c’est le cas, près de 80% d’entre elles sont retrouvées chez des enfants sans comorbidités. Par ailleurs, dans le contexte de l’arrivée du variant Omicron, plus contagieux que le variant Delta, on peut s’attendre à une augmentation des cas de formes sévères chez les enfants ». La HAS ajoute que « dans sa formulation pédiatrique adaptée, le vaccin présente une très bonne efficacité contre les variants majoritaires circulant actuellement et sa capacité à prévenir les formes sévères est excellente ». Concernant les effets secondaires, selon les données américaines, sur 7 millions d’enfants vaccinés, 3.233 événements indésirables ont été signalés, dont 97% non graves (réactions locales, syndromes fébriles). Huit cas de myocardites ont été rapportés.

Ainsi, pour l’HAS, « le rapport bénéfice/risque de la vaccination en bonne santé sur le plan individuel est favorable, en particulier dans le contexte actuel d’augmentation de l’incidence de la maladie en France ».

« La HAS a aussi pris en compte le fait que la vaccination des enfants pourrait faire diminuer la circulation du virus dans les écoles et ainsi éviter les fermetures de classes. En outre, au vu des différentes modélisations conduites, même si l’impact de la vaccination des enfants sur la vague actuelle ne serait que très limité, elle pourrait potentiellement réduire l’impact de vagues ultérieures en réduisant la circulation du virus dans la population générale », souligne le Dr Alter. Cela dépend néanmoins des hypothèses sur le maintien de l’efficacité vaccinale, notamment vis-à-vis du variant Omicron, mais aussi de la couverture vaccinale des enfants et donc de l’adhésion des parents, actuellement limitée.

 

Vaccination non obligatoire

La HAS propose donc que les parents qui le souhaitent puissent faire vacciner leurs enfants de 5 à 11 ans dès que les doses en formulation pédiatrique seront disponibles. Elle ne souhaite pas que cette vaccination soit rendue obligatoire ni exigible. Elle propose également de prioriser la vaccination pour les enfants de moins de 12 ans au collège, afin de compléter rapidement la campagne de vaccination des 12 ans et plus.

La HAS préconise que la vaccination des enfants âgés de 5 à 11 ans puisse se faire « dans le cadre d’une décision médicale partagée, après avoir apporté, aux familles ainsi qu’aux enfants, une information claire et adaptée à leur âge, sur la connaissance des bénéfices et des risques liés à l’administration de ce vaccin ». La vaccination des enfants doit être précédée par la réalisation d’un TROD sérologique (en l’absence d’antécédent connu et documenté de Covid-19) afin de limiter l’administration du vaccin à une seule dose en cas de test positif. Par ailleurs, « au vu des premières données indiquant une perte d’efficacité vaccinale au cours du temps contre le variant Omicron et les données limitées en faveur d’un espacement de l’intervalle entre les deux doses, la HAS recommande que le délai entre les deux doses de vaccin soit espacé de 21 jours, conformément au schéma vaccinal de l’AMM ».

Enfin, dans ses recommandations, la HAS a tenu à souligner « l’importance de la place des pédiatres et médecins traitants dans ce schéma vaccinal. En effet, au vu du faible niveau d’acceptabilité des parents pour cette tranche d’âge (62% sont défavorables), il est particulièrement important que les informations nécessaires puissent leur être apportées et qu’ils aient la possibilité d’obtenir des réponses adaptées à leurs questions », insiste le Dr Alter.

« Il y a un long chemin de pédagogie à faire », renchérit le Dr Patricia Minaya Flores, cheffe du service évaluation en santé publique et évaluation des vaccins à la HAS. « L’acceptation vaccinale est un critère qui bouge dans le temps et il est important de fournir des informations claires aux parents », souligne-t-elle.

Rappelons que le Comité national d’éthique qui avait été, lui aussi, saisi de la question de la vaccination des enfants par le gouvernement, a formulé une réponse positive en fin de semaine dernière, à condition que la vaccination ne soit pas adossée au pass sanitaire et reste au libre choix des parents.

Cet article a été écrit par Anne-Gaëlle Moulun et a été initialement publié sur le site internet Medscape.