COVID-19 : la HAD, un bon relais de l’hôpital pour les patients atteints de cancer en cas de crise
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales
L’épidémie de COVID-19 a nécessité une réorganisation importante du système de santé un peu partout dans le monde, notamment pour les patients traités pour cancer. Une étude française s’est intéressée à l’organisation des soins en Hospitalisation à Domicile (HAD) à partir de 37 hôpitaux publics de l’AP-HP pour la prise en charge des patients traités par chimiothérapie administrée par voie veineuse durant 2 périodes de 5 semaines : la première entre le 17 février et le 22 mars 2020 et la seconde entre le 23 mars et le 26 avril, soit avant et durant le premier confinement.
Durant le confinement, le nombre de patients traités par HAD pour leur cancer a augmenté de 30% (dont +156% de nouveaux patients). Si les patients traités à domicile étaient principalement atteints hématopathie maligne (myélome multiple, leucémie myéloïde aiguë, syndrome myélodysplasique), un nombre plus important de patients atteints de tumeurs solides ont été pris en charge en HAD (20,9% versus 6%, en particulier des cancers du sein, dont la prise en charge en HAD a été multipliée par 4 pendant le confinement).
Le nombre de délivrances de préparations anticancéreuses a augmenté de 26% entre ces deux périodes. Aucun patient en HAD n’a été réadmis à l’hôpital durant le confinement et aucune infection nosocomiale n’a été rapportée après l’injection d’anticancéreux à domicile.
Les analyses sanguines ont été gérées par un laboratoire communautaire 48h avant le premier jour de chaque cycle, et chaque patient a été appelé par les médecins de l’hôpital pour un contrôle. Pour faire face à l’augmentation de l’activité en HAD, un pharmacien spécialisé, des techniciens et des infirmières coordinatrices de HAD ont été déplacés de leurs activités classiques.
Ainsi, la HAD a permis durant la période de confinement de poursuivre les injections d’anticancéreux sans retarder la prise en charge, tout en diminuant les déplacements inutiles des patients vers l’hôpital et donc les risques de contamination au SARS-CoV-2.
Cette réorganisation a permis de prendre en charge un grand nombre de patients et de libérer certaines infirmières hospitalières qui pouvaient ainsi être réaffectées en unités de soins intensifs. Une fois le confinement levé, les auteurs envisageaient le retour des patients à l’hôpital pour un contrôle médical, mais une continuité des soins en HAD.
Cette étude montre que le système de HAD peut être mobilisé rapidement en cas de besoin. Des évolutions sont déjà envisagées, notamment l’intégration de la télémédecine au lieu d’appels téléphoniques pour mieux évaluer l’état clinique du patient. Deux points mériteraient également d’être mieux explorés : la répartition inégale de la HAD sur le territoire et le déséquilibre financier pour l’hôpital, les hôpitaux étant financés en fonction de leur activité. Or, un patient traité en HAD nécessite du temps médical hospitalier non payé à l’hôpital, ce qui pourrait pour certains services d’oncologie constituer un frein au déploiement de ce service.
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