COVID-19 : L’avenir de l’épidémie en France se joue en Europe

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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Le 4 novembre 2021, le directeur de l’OMS Europe (Organisation mondiale de la santé) déclarait que l’Europe était de nouveau « l’épicentre » de la pandémie de Covid-19. L’organisation mettait en cause l’insuffisance de la couverture vaccinale et l’assouplissement des mesures barrières. Dans une note publiée par le site Terra Nova, Anne Bucher, ancienne directrice générale de la santé à la Commission européenne, apporte des nuances et des précisions importantes à ce constat.

Les deux facteurs relevés par l’OMS sont indéniables. En premier lieu, « les pays qui connaissent une nouvelle vague sont aussi ceux qui ont un taux de vaccination très faible », avec douze d’entre eux où la part de la population ayant reçu au moins une dose de vaccin est inférieure à 65%. Ces pays sont situés à l’est du continent. Ils connaissent un scepticisme plus prononcé que ceux de l’ouest à l’égard des vaccins. Mais ils sont aussi plus pauvres, ce qui les conduit à administrer plus souvent le vaccin d’AstraZeneca, moins cher, mais probablement moins efficace et efficace moins longtemps que les vaccins à ARNm. De plus certains d’entre eux ont levé les mesures sanitaires avec un taux de vaccination bas.

L’assouplissement des contraintes sanitaires est bien le deuxième facteur évident d’une reprise épidémique, comme le montre l’exemple du Royaume-Uni : malgré un bon taux de vaccination, le nombre de cas et d’hospitalisations augmente depuis la levée des contraintes sanitaires.

La France pourrait se sentir protégée : son taux de vaccination est bon et en progression, elle a opté très tôt pour une troisième dose et pour la vaccination des adolescents (contrairement sur ce dernier point à la Grande-Bretagne) et elle maintient plusieurs obligations sanitaires non pharmaceutiques. Cette confiance ne doit pas être excessive. La France est ouverte aux autres pays européens, qui peuvent être une source de contagion malgré les mesures de contrôle aux frontières. Anne Bucher rappelle que la mobilité des citoyens européens n’est pas le seul fait des touristes : l’Union comptait 3 millions de travailleurs détachés et 1,3 millions de travailleurs frontaliers en 2019.

Aussi appelle-t-elle à la prudence, d’autant que « le Covid-19 nous a plusieurs fois surpris. »