COVID-19: Israël envisage un nouveau confinement en septembre
- Vincent Richeux
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales par Medscape
Alors que les hospitalisations pour Covid-19 continuent de progresser en Israël, avec une part non négligeable de patients vaccinés, le pays envisage un quatrième confinement de la population en septembre, pendant les grandes fêtes juives. La décision dépendra essentiellement de l’impact de la troisième dose de vaccin, qui pourrait être prochainement élargie aux plus de 40 ans, a indiqué auprès de Medscape, le Pr Cyrille Cohen (laboratoire d’immunothérapie, université de Bar Ilan, Israël).
La semaine dernière, l’Etat hébreu a lancé une campagne pour administrer un rappel de vaccin, dans un premier temps aux plus de 60 ans ayant reçu les deux doses en début de campagne vaccinale. Une initiative plutôt bien accueillie. « Les résultats sont excellents », a commenté l’immunologiste. « En quelques jours, plus de 250.000 personnes ont reçu une troisième dose » sur une population d’un million et demi d’individus que compte cette tranche d’âge.
Les formes sévères en hausse
Israël fait figure de pionnier dans la mise en œuvre de cette stratégie de la troisième dose visant à renforcer l’immunité des plus vulnérables. En raison notamment d’une hausse des hospitalisations pour Covid-19, la piqure de rappel devrait bientôt être disponible pour les plus de 50 ans, puis la limite d’âge pourrait être progressivement abaissée jusqu’à 40 ans, a précisé le Pr Cohen, également membre du conseil consultatif sur les essais cliniques des vaccins contre le Covid.
« On attend de constater l’efficacité en vie réelle de l’injection de cette troisième dose chez les plus de 60 ans. Il faudra aussi voir les résultats de l’étude menée aux Etats-Unis par le laboratoire Pfizer pour évaluer l’effet d’une troisième dose. » Dans cet essai, la dose de rappel est administrée six mois après la seconde dose. Les résultats devraient être publiés courant août.
Depuis l’arrivée du variant delta en Israël, l’évolution de la situation sanitaire est particulièrement préoccupante. Malgré un taux de vaccination s’élevant à plus de 60% en population générale, l’incidence des infections est en hausse constante. Début août, on enregistrait plus de 3.000 nouveaux cas quotidiens. « Le taux de positivité [des tests virologiques] est également inquiétant puisqu’il s’élève à 4%, contre 0,1% un mois plus tôt ».
Par ailleurs, l’incidence des formes graves de la maladie est en progression constante. « En deux semaines, on est passé de 20 à 50 patients admis en soins intensifs et mis sous respirateur artificiel ». Alors que 7 patients sont décédés du Covid-19 pendant le mois de juin, « on a enregistré 50 décès en juillet et, depuis le début du mois d’août, on compte déjà 30 décès en quatre jours », a indiqué le Pr Cohen.
Hospitalisation d’individus âgés et vaccinés
Les formes sévères apparaissent aussi plus fréquemment chez des individus âgés et vaccinés. « Actuellement, on recense 250 patients Covid hospitalisés dans un état grave, contre 130 la semaine dernière. Dans 75% des cas, il s’agit d’individus de plus de 60 ans et la moitié d’entre eux sont vaccinés. Les moins de 60 ans sont pratiquement tous des non-vaccinés. » Preuve, selon l’immunologiste, que l’immunité acquise après vaccination perd de son efficacité au-delà de six mois.
Les plus de 60 ans ont, en effet, été les premiers à recevoir le vaccin à ARN de Pfizer/BioNTech lors de la campagne massive de vaccination en Israël initiée en décembre 2020. Entre temps, des études du laboratoire ont confirmé que la protection acquise après immunisation diminue au-delà de six mois et qu’une dose de rappel permettrait d’obtenir des niveaux d’anticorps neutralisants « 5 à 10 fois supérieurs » à ceux obtenus après deux doses.
Selon les dernières données du gouvernement israélien, « la prévention de l’infection est d’environ 16% chez les personnes vaccinées en janvier 2021 », a précisé le Pr Cohen, en sachant que le vaccin protège moins bien contre l’infection par le variant delta, plus contagieux et largement majoritaire. « Le vaccin continue toutefois d’assurer une protection à 80% contre les formes graves » dans cette population.
Pour ceux vaccinés au mois d’avril 2021, « la protection contre l’infection est de 75% ». Chez les jeunes de 12 à 15 ans, dernière population à avoir reçu le schéma complet à deux doses, « l’efficacité du vaccin contre l’infection par le variant delta est de l’ordre de 95% ». Des données qui montrent que « plus la vaccination est récente, plus la protection est efficace ».
Un confinement pendant les fêtes juives
Compte tenu de ces résultats et de l’évolution de la situation sanitaire, la perspective d’une troisième dose s’est imposée pour le gouvernement israélien. La décision de mettre en œuvre cette stratégie s’est également appuyée sur une récente étude israélienne, qui montre que les individus infectés après vaccination présentent un niveau d’anticorps neutralisants plus faible, confirmant ainsi l’importance de la réponse humorale dans la protection contre le SARS-CoV2 [1].
La mise en place d’un nouveau confinement dépendra des résultats obtenus après l’injection du rappel de vaccin chez les plus de 60 ans et de l’adhésion de la population, qui semble pour le moment assez réceptive. Un récent sondage montre que 72% des plus de 60 ans ayant déjà reçu deux doses sont prêts à recevoir une troisième dose, a indiqué le Pr Cohen.
« En Israël, il y a une certaine confiance dans la science et dans les autorités de santé. Et, l’arrivée de ce variant delta a mis brutalement fin à un retour à une vie plus ou moins normale à laquelle nous nous étions habitués ». Des mesures de restrictions ont, en effet, été restaurées en juin face à la hausse des cas de contamination liée au variant delta, mettant ainsi fin au bref moment de répit offert par la vaccination de masse.
Le confinement interviendrait au moment des grandes fêtes juives, qui ont lieu pendant le mois de septembre, pour célébrer notamment le nouvel an du calendrier hébraïque. « Un confinement pendant cette période devrait avoir un faible impact sur l’économie. »
Le Pr Cyrille Cohen n’a pas déclaré de conflits d’intérêt en lien avec le sujet.
Cet article a initialement été publié sur le site internet Medscape.
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