COVID-19 : impact des mesures de confinement analysé dans 11 pays européens
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
Pour tenter d’enrayer la propagation du virus, et pour maintenir les capacités de prise en charge des cas les plus sévères en réanimation, de nombreux pays européens ont mis en place des mesures de confinement. Celles-ci ont été établies plus ou moins rapidement, et de manière plus ou moins restrictives selon les pays. Le département statistique de l’Imperial College London a évalué grâce à un modèle mathématique, quel était l’impact de ces mesures sur la propagation de l’infection, ainsi que sur le nombre de vie sauvegardées.
Méthodologie
Lorsque le taux de reproduction (reflet du taux de transmission du virus) est réduit à moins de 1 – par les mesures de confinement – cela permet automatiquement de diminuer la propagation de l’infection. En revanche, si les mesures de confinement ne sont pas établies, le taux de transmissibilité augmente jusqu’à ce que la population atteigne un taux d’immunité collective pour ensuite diminuer. Les chercheurs ont considéré que 2 à 3 semaines étaient nécessaires pour commencer à observer l’impact du confinement sur la mortalité.
Résultats
À l’échelle européenne (sur la base des onze pays inclus dans l’étude), les chercheurs ont estimé qu’à la fin mars, entre 7 et 43 millions de personnes avaient été infectées par le SARS-CoV-2, soit entre 1,88% et 11,43% de la population. Le maintien des mesures de confinement aurait à cette même date permis de préserver 59.000 vies [21.000 - 120.000] en Europe. Ces chiffres pourraient être largement dépassés si les mesures étaient maintenues jusqu’à diminution des taux de transmission du virus.
Selon ce modèle mathématique, environ 3% [1,1-7,4] de la population française aurait été infectée par le virus. Un chiffre à comparer à ceux d’autres pays européens : 0,7% de la population allemande, 9,8% de celle de l’Italie et 15,0% de celle de l’Espagne. Le nombre estimé de décès au 28 mars par le modèle était de 19.000 décès sur les 11 pays européens considérés, dont 1.900 en France, 10.000 en Italie, 4.700 en Espagne et 320 en Allemagne. Le nombre de décès évités à fin mars serait de 2.500 en France, 38.000 en Italie, 16.000 en Espagne et 550 en Allemagne.
Rappel des mesures prises pour limiter la propagation du virus
En France, les évènements publics ont été interdits, puis les écoles ont été fermées, des mesures de distanciation physiques ont été mises en place, et enfin le confinement a été ordonné. Mais tous les pays n’ont pas procédé exactement de la même façon, ni en termes de temporalité, ni en termes d’intensité. L’Italie a été l’un des pays à mettre en place des mesures le plus tôt avec fermeture des écoles dès le 5 mars et confinement dès le 11 mars. À l’inverse, le confinement n’a été imposé au Royaume-Uni et au Danemark qu’à partir du 24 mars. Alors qu’en Suède le confinement total de la population n’était toujours pas décrété début avril.
Pour rappel, en Chine, le confinement et la mise en quarantaine des cas ont été initiés à partir du 23 janvier. Ceci a permis de diminuer drastiquement le taux de transmissibilité, qui est passé de 2-4 durant la période d’expansion de l’épidémie à moins de 1 à partir du 19 mars où plus aucun cas n’a été recensé.
D’autres pays comme la Corée du Sud ont appliqué d’autres mesures tout aussi efficaces : distanciation physiques, tests intensifs, identification des cas et mise en quarantaine des contacts de personnes infectées.
La difficulté aujourd’hui étant de faire en sorte que la propagation du virus n’augmente pas lors de la levée des mesures de confinement.
Limitations
Il s’agit d’un modèle mathématique. Celui-ci a considéré que toutes les mesures avaient eu le même effet quel que soit le pays considéré. Or, en pratique toutes les populations n’ont pas forcément appliqué les mesures avec la même rigueur et la même intensité dans le temps.
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