COVID-19 : finalement, le groupe sanguin O est-il protecteur ?

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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Assez rapidement après le début de la pandémie de COVID-19, certains scientifiques ont émis l’hypothèse que le groupe sanguin O pourrait être protecteur contre le SARS-CoV-2. Que sait-on aujourd’hui, alors qu’une quarantaine d’études ont été publiées sur ce sujet ?

Une protection contre l’infection

Au début de l’année 2021, 34 études comparant des patients à des « contrôles » ont ainsi rapporté un risque d’infection par le SARS-CoV-2 réduit chez les personnes de groupe sanguin O, même si cette diminution reste modeste. Ces premières données ont été confirmées par plusieurs méta-analyses.

Même si l’on ne connaît pas encore les mécanismes biologiques pouvant expliquer cette relation entre groupe sanguin et infection, l’hypothèse la plus crédible repose sur un rôle potentiel des anticorps anti-groupes sanguins A et B présents chez les personnes de groupe sanguin O. En effet, les cellules de l’arbre respiratoire, où se multiplie principalement le SARS-CoV-2, synthétisent les antigènes A ou B en fonction du groupe sanguin de la personne infectée. Ces antigènes sont présents sur la membrane des cellules, mais aussi sur l’enveloppe virale du SARS-CoV-2 qui acquiert, en infectant les cellules, des marqueurs du groupe sanguin de la personne infectée. Ainsi, les particules virales émises par une personne des groupes A, B, ou AB pourraient porter ces antigènes. Les personnes de groupe sanguin O, qui possèdent à la fois des anticorps anti-A et anti-B, seraient alors plus en mesure de lutter contre un virus émis par une personne des groupes A, B, ou AB, mais cette hypothèse n’est pas encore validée…

Une protection contre les formes sévères en cas d’infection

La deuxième question est de savoir si le groupe sanguin peut avoir un impact sur le risque d’évoluer vers une forme grave ou le décès en cas d'infection par le SARS-CoV-2. Un deuxième groupe d’études s’est plus précisément intéressé à cette question et la plupart de ces travaux concordent pour dire que le groupe 0 semble associé à un risque diminué, même si à ce stade avancé de la maladie, la différence est modeste.

De même, les mécanismes en jeu ne sont pas connus mais on sait déjà qu’il existe un lien entre groupe sanguin et risque de thrombose. Les groupes non-O ont des taux sanguins plus élevés de certains facteurs de coagulation et sont plus à risque de développer des pathologies cardiovasculaires comme la maladie thromboembolique veineuse, l’athérosclérose vasculaire ou encore l’infarctus du myocarde. À l’inverse, le recyclage et l’élimination de ces facteurs de coagulation sont accélérés chez les personnes de groupe sanguin O, qui sont plus protégées contre les complications cardiovasculaires.

De plus, le groupe sanguin a un impact sur la fonction endothéliale. Or, en cas de COVID-19 sévère, on peut constater une dysfonction endothéliale, directement ou indirectement liée au virus, qui pourrait provoquer des micro-thromboses (notamment au niveau pulmonaire) et expliquer les différentes atteintes d’organes observées dans les formes graves.

Ainsi, en ayant un impact sur le risque de thrombose et de dysfonction endothéliale, le groupe sanguin pourrait jouer un rôle dans l’évolution de l’infection par le SARS-CoV-2.