COVID-19 : faudrait-il systématiquement doser les auto-anticorps anti-IFN ?
- Manry J & al.
- Proc Natl Acad Sci U S A
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
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Selon une large étude internationale, les sujets chez qui le taux de l’un des types d’auto-anticorps anti-IFN I est élevé (auto-Ac IFN-α2 ou IFN-ω) ont un risque relatif de décès plus important que les autres. Ce risque est majoré lorsque les taux des deux types d’auto-Ac sont élevés. Ces auto-Ac sont plus souvent retrouvés chez les sujets âgés et chez les hommes.
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Aussi, les auteurs suggèrent que ces auto-Ac neutralisants soient considérés comme un deuxième facteur prédictif de décès, après l'âge, et avant même le sexe ou les comorbidités, car ils semblent avoir une valeur prédictive de décès supérieure.
Pourquoi est-ce important ?
L’âge constitue le facteur de risque le plus étroitement associé au risque de développer une forme grave ou de décéder suite à une infection par le SARS-CoV-2. D’autres paramètres sont déterminants : parmi eux, la présence d’auto-Ac anti-IFN I semble plus fréquente parmi ceux qui ont une forme sévère ou critique de COVID-19. Elle est plus souvent associée au risque de décès, versus celles ayant une infection asymptomatique ou légère. Enfin, ces auto-Ac sont plus fréquents chez les hommes, chez qui les taux d’IFN-α2 ou IFN-ω croissent avec l’âge. Mais aucune étude n’avait permis de juger l’importance relative de ce paramètre par rapport aux autres, avant ce travail conduit auprès d’une large cohorte par une équipe internationale de chercheurs.
Méthodologie
L’étude a consisté à doser les auto-Ac anti-IFN I neutralisants parmi une cohorte de patients adultes décédés suite au COVID-19 avant que les vaccins ne soient disponibles, ainsi que chez des sujets contrôles dont les échantillons ont été prélevés avant la pandémie de COVID-19. Les taux de décès lié à l’infection et le risque relatif de décès ont été calculés pour les différentes tranches d’âge et selon le sexe, et ont été comparés entre porteurs d'auto-Ac et les non-porteurs.
Principaux résultats
Les données de 1.261 patients décédés non vaccinés ont été comparées à celles issues de 34.159 patients témoins. Dans les deux groupes, les chercheurs ont identifié ceux qui avaient un taux considéré comme élevé d’auto-Ac neutralisants (IFN-α2 et/ou IFN-ω, 10 ng/mL) : ils étaient respectivement 1.094 et 34.159 sujets.
Le risque relatif de décès des sujets de moins ou de plus de 70 ans était respectivement de 17,0 [11,7 à 24,7] et 5,8 [4,5 à 7,4] en cas de présence d’un taux élevé de l’un ou l’autre de ces auto-Ac neutralisants et il était de 188,3 [44,8 -774,4) et 7,2 (5,0 à 10,3), respectivement, lorsque les deux types d’auto-Ac étaient élevés. Par ailleurs, le risque relatif de décès augmentait avec l'âge lorsque l’un ou a fortiori les deux types d’auto-Ac avaient un taux élevé.
Les taux de décès liés à l’infection augmentaient avec les catégories d’âge et la présence d’un ou deux types d’auto-Ac. Par ailleurs, ce taux de décès était presque 5 fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes, dans tous les groupes d'âge, quel que soit le type d’auto-Ac.
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