COVID-19 et grossesse : résultats de la plus large étude de cohorte réalisée

  • Vouga M & al.
  • Sci Rep

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Une étude cas-témoins a comparé l’évolution de femmes enceintes ayant contracté une COVID-19 en fonction de la sévérité de l’infection (forme sévère versus forme plus légère).

Les auteurs concluent que :

  • près d’une femme enceinte sur 10, infectée par le SARS-CoV-2 et incluse dans le registre COVI-Preg a nécessité une ventilation assistée, une admission en soins intensifs ou est décédée ; 
  • tout comme pour la population générale, les comorbidités pulmonaires, les troubles hypertensifs et le diabète multiplient fortement le risque de développer une forme sévère de COVID-19 durant la grossesse ;
  • ces formes sévères favorisent bien les complications obstétricales et néonatales.

Pourquoi ces résultats sont-ils intéressants ?

Les femmes enceintes sont considérées comme des sujets à haut risque de COVID-19 du fait d’une immunité altérée, d’une capacité respiratoire réduite et de modifications hémodynamiques. Pour autant, il y a peu de données robustes sur l’impact de ces facteurs, d’autres facteurs plus spécifiquement en lien avec la grossesse, le risque de COVID-19 sévère et ses conséquences néonatales.

Méthodologie

Les données de cette étude ont été recueillies entre le 24 mars et le 26 juillet 2020 à partir du registre international COVI-Preg. Les facteurs de sévérité de la COVID-19 et les conséquences néonatales immédiates ont été analysées. Les cas dits sévères étaient définis par la nécessité d’une assistance respiratoire, d’une admission en unité de soins intensifs ou le décès. Les critères de risque évalués ont été les suivants : obésité, troubles hypertensifs, prédiabète, diabète gestationnel, maladie pulmonaire, cardiovasculaire, rénale ou oncologique préexistante, immunosuppression antérieure, nulliparité/multiparité, origine ethnique, grossesse multiple, âge gestationnel à l’infection (< ou >20 ans).

Principaux résultats

Au total, 926 femmes enceintes ayant eu un test SARS-CoV-2 positif ont été incluses dans cette étude. Un tiers d’entre elles étaient asymptomatiques (31,9%). Parmi le femmes incluses, 9,9% ont eu des complications maternelles sévères (7,3% nécessitant le recours à une assistance oxygénée, 4,0% à un transfert en soins intensifs et 0,6% sont décédées).

Après ajustement, les facteurs de risque de COVID-19 sévère mis en évidence étaient la présence d’une comorbidité pulmonaire (odds ratio ajusté (ORa) 4,3 [1,9-9,5]), un trouble hypertensif (ORa 2,7 [1,0-7,0]), et la présence d’un diabète (ORa 2,2 [1,1-4,5]). Aucun facteur spécifiquement lié à la grossesse (nulliparité/multiparité, grossesse multiple, âge gestationnel à l’infection) n’a été associé à une augmentation du risque de complication maternelle.

Les femmes ayant une grossesse compliquée étaient plus à risque de césarienne (70,7%), d’accouchement prématuré (62,7% de risque absolu pour une naissance avant 37 semaines de grossesse et 51,9% pour une naissance avant 34 semaines de grossesses, contre respectivement 36,7% et 20,5% pour celles qui n’avaient pas de complications maternelles sévères), et leur enfant était plus susceptible d’être admis en soins intensifs de néonatalogie (risque absolu de 41,3% contre 11,6%).