COVID-19 et généralisation du rétrotracing : pourquoi et comment ?
- Fanny Le Brun
- Actualités Médicales
Afin de lutter plus efficacement contre l’épidémie de COVID-19, l’Assurance Maladie a annoncé que le rétrotracing sera généralisé à toute la France à partir du 1er juillet.
Qu’est-ce que le rétrotracing ?
Jusqu’ici, l’Assurance Maladie a mis en place un « contact tracing » prospectif qui consiste à appeler toute personne testée positive au COVID-19 afin d’identifier les cas contacts qu’elle aurait pu contaminer en aval de sa propre contamination. Le rétrotracing, quant à lui, se distingue par son caractère rétrospectif : il a pour objectif de s’intéresser aux origines de la contamination du patient afin de repérer des situations ponctuelles ou inhabituelles au cours desquelles plusieurs autres personnes auraient pu être contaminées (ex : événements ou rassemblements à risque de « super-contamination »).
Pourquoi le généraliser ?
La combinaison du tracing prospectif et du rétrotracing doit permettre de mieux identifier les chaînes de contamination afin de les briser encore plus efficacement.
Expérimenté depuis le 25 mars dans deux départements pilotes (Côte-d’Or et Loire-Atlantique) , les premiers résultats du rétrotracing montrent que « près de 10% des patients zéros contactés par l’Assurance Maladie ont été capables d’identifier un événement jugé comme étant à l’origine de leur contamination et donnant lieu à l’identification de personnes co-exposées (hors contamination au sein du foyer). Dans les jours qui ont suivi leur isolement, près de 10% de ces personnes co-exposées sont, elles aussi, devenues positives : ce sont autant de chaînes de contamination que le rétrotracing a permis de stopper ».
Les types d’évènement les plus souvent identifiés sont des rassemblements :
- privés : réunions de famille, anniversaires, réunions entre amis… ;
- scolaires : sorties pédagogiques ou sportives… ;
- sportifs : rencontres sportives amicales ou en compétition…
Comment cela se passe en pratique ?
Dans un premier temps, l’enquêteur de l’Assurance Maladie interroge le patient pour identifier ses cas contacts (ex : membres du foyer, collègues de travail…) puis il cherche à identifier avec le patient le lieu ou l’évènement (avec au moins 10 personnes présentes, sans respect des gestes barrières) où il aurait pu contracter le COVID-19 et les personnes qui auraient alors elles aussi été exposées au risque de contamination. Si un tel évènement est identifié, l’enquêteur procède à un entretien spécifiquement dédié au rétrotracing afin de définir les personnes ayant partagé le même évènement ou le même lieu de contamination simultanément : elles sont alors considérées comme co-exposées et sont tracées, testées et isolées à leur tour. Pour cela, l’Assurance Maladie peut être amenée à collaborer avec l’Agence régionale de santé (ARS) lorsqu’il s’agit de situations complexes ou de contaminations d’ampleur (ex : personne détenant la liste des participants à l’évènement non identifiable/joignable, patient zéro ayant fréquenté une collectivité dite «sensible» comme un EHPAD, un établissement de santé ou médico-social, un établissement pénitentiaire…).
Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ?
Pour mettre en place un rétrotracing efficace, le niveau de circulation du virus doit être faible ou modéré (inférieur à 5.000 nouveaux cas par jour), car les entretiens sont plus longs (40 minutes en moyenne) et cela nécessite une forte réactivité de l’Assurance Maladie et des ARS, ainsi qu’une forte capacité de test couplée à un rendu de résultat rapide (entre 12 à 24 heures) pour que les mesures d’isolement soient prises le plus rapidement possible. Ainsi, ce n’est qu’avec la décrue actuelle de l’épidémie que les conditions sont enfin réunies pour mettre en place cette stratégie de rétrotracing sur tout le territoire.
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