COVID-19 et cancer thoracique : titre en anticorps après 1, 2 et 3 doses de vaccins

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Des chercheurs et cliniciens de l’hôpital Bichat ont évalué la réponse humorale de patients atteints de cancer thoracique après administration d’un vaccin anti COVID-19.

  • 92% des sujets ayant reçu une troisième dose ont réellement bénéficié d’une augmentation de leur titre en anticorps anti-protéine S.

Pourquoi est-ce important ?

Le taux de mortalité associé à l’infection par COVID-19 a atteint 30% chez les patients souffrant de cancer thoracique. Il a été démontré que la réponse immunitaire aux vaccins anti-COVID-19 était plus faible chez ces sujets et ce d’autant plus s’ils avaient 65 ans ou plus. Ces données viennent conforter la nécessité d’une 3e dose de vaccin, recommandée aujourd’hui par les autorités de santé françaises.

Méthodologie

Les patients inclus dans cette étude étaient des sujets atteints de cancer thoracique n’ayant pas été infectés par le SARS-CoV-2 dans les 3 derniers mois, sans allergie connue à une précédente vaccination et qui avaient une espérance de vie de plus de 3 mois. Cette étude prospective a mesuré quantitativement les anticorps IgG contre la protéine S du SARS-CoV-2 par le système Architect d’Abbott, avant une première injection de vaccin à ARNm BNT162b2 (Pfizer) puis à la 4e semaine après celle-ci ainsi que 2 et 16 semaines après la seconde dose. Des analyses ont également été menées après une troisième dose reçue par quelques patients. Deux patients ont été vaccinés par le vaccin AstraZeneca et un par le vaccin Moderna à l’extérieur du centre de soin et ont participé aux tests sérologiques.

Principaux résultats

Sur les 306 patients inclus (âge médian 67 ans, 59% d’hommes, 93% de cancer pulmonaire) entre le 26 janvier et le 28 juillet 2021, 283 avaient reçu deux doses de vaccin à 28 jours d’intervalle. Parmi les patients, 43 avaient des antécédents de COVID-19 symptomatique datant de plus de trois mois avant la première dose, ou de COVID-19 asymptomatique. Ces sujets ont donc reçu une seule dose en cohérence avec les recommandations françaises. 

Le titre en IgG anti-S était de 149,7 AU/mL 28 jours après la première dose (contre 913 AU/mL chez les sujets témoins sains). À 28 jours après la première dose 32,3% des patients atteints de cancer n’avaient pas d’IgG anti-S (<50 AU/mL) et 58,5% des taux faibles (≤300 AU/mL).

Une seconde dose a été administrée à 269 patients (88%). Certains n’ayant pu en bénéficier du fait de leur état de santé. Le titre médian en IgG anti-S était de 4.725 AU/mL au 42e jour, soit plus de 14 jours après la seconde dose. Cependant, 6,3% de patients étaient toujours négatifs en anticorps et 11% avaient des concentrations ≤300 AU/mL. Le taux médian d’IgG anti-S chez les sujets témoins sains était de 10.594 AU/mL à un délai médian de 57 jours après la seconde dose de vaccin. Après un suivi médian de six à sept mois (entre janvier et juillet 2021), huit patients ont contracté le virus (2,6%). Ils ont présenté des symptômes légers et ont eu une évolution favorable. Un seul patient a dû être hospitalisé mais n’a pas eu besoin d’oxygénation. 

En analyse multivariée, seul l’âge et la prise de traitement corticoïdes au long cours étaient significativement associés à une immunisation insuffisante. 

Sur les trente patients ayant reçu une troisième dose de vaccin, une séroconversion franche a été observée chez 73% des patients (n=27) avec un titre en anticorps >3.500 AU/mL, 15,4% n’ont eu qu’une augmentation modérée d’anticorps (300-1.000 AU/mL) et 3 n’avaient toujours pas développé d’anticorps à la fin de l’étude. 

Principales limitations

Il s’agit d’une étude observationnelle, basée sur une faible taille d’échantillon. La circulation du virus était moindre à partir de la mi-juin.