COVID-19 et cancer : la vaccination a-t-elle vraiment changé la donne au fil des vagues ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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Une étude a exploré les conséquences des vagues alpha-delta et omicron sur la morbi-mortalité de patients atteints de cancer.

 

À retenir

  • La mortalité chez les patients atteints de cancer ayant contracté la COVID-19 durant la phase omicron, par rapport à ceux qui avaient été infectés précédemment, est passée de 30% à moins de 10%.
  • Les patients ayant contracté la COVID-19 durant la phase omicron présentaient également moins de complications liées à la COVID-19 et avaient moins besoin d’un recours à l’oxygénothérapie que les autres, ce qui confirmerait selon les auteurs, une modification du tropisme respiratoire de la part de ce variant.
  • Les non-vaccinés durant les phases alpha-delta et omicron présentaient des taux similaires de mortalité à 14 ou 28 jours, d’hospitalisation et de complications liées à la COVID-19.
  • Malgré les preuves d’un potentiel échappement à l’immunité naturelle du variant omicron, ces données soutiennent l’effet protecteur des rappels vaccinaux à base d’ARNm.

Pourquoi est-ce important ?

Il s’agit de la plus large étude rétrospective de registre européen sur le sujet. Ces données soulignent l’importance de la vaccination en phase alpha-delta et omicron pour les sujets atteints de cancer. 

Méthodologie

Cette étude rétrospective, multicentrique a analysé les données du registre européen OnCovid. Les patients recrutés étaient des adultes atteints de de cancer solide ou hématologique, actif ou en rémission, et devaient avoir reçu un diagnostic d’infection par le SARS-CoV-2 confirmé par analyse de laboratoire. La morbidité liée à la COVID-19 (complications, hospitalisations, recours à l’oxygénothérapie ou à d’autres thérapeutiques) et la mortalité à 14 et 28 jours en lien avec la COVID-19 ont été analysées sur trois périodes : en phase prévaccinale (27 février-30 novembre 2020), durant la vague alpha-delta (1er décembre 2020-14 décembre 2021) et la vague omicron (15 décembre 2021-31 janvier 2022).

Principaux résultats

Au 4 février 2022, sur les 3.820 patients atteints de cancer du registre et chez qui une COVID-19 avait été diagnostiquée durant les 3 phases de l’étude, 3.473 ont été inclus dans les analyses. Parmi ces patients, 47,4% étaient des femmes, âge médian 68 ans.

Sur l’ensemble de cette population, 58,5% ont reçu un diagnostic de COVID-19 en phase prévaccinale, 31,0% durant la vague alpha-delta et 10,5% durant la vague omicron.

Les patients diagnostiqués durant la vague omicron étaient plus jeunes (<65ans) et avaient moins de comorbidités que ceux diagnostiqués durant la vague prévaccinale ou alpha-delta. Une majorité de patients diagnostiqués en phase omicron avait un cancer avancé et recevaient un traitement contre le cancer au moment du diagnostic.

Au global, 72% des sujets ayant reçu le diagnostic de COVID-19 durant la vague alpha-delta n’étaient pas vaccinés, contre 12,4% durant la vague omicron.

Parmi les patients ayant contracté la COVID-19 durant la vague omicron, 33,3% étaient entièrement vaccinés, 48,7% avaient reçu une dose de booster.

Comparativement, parmi ceux qui avaient été infectés durant la vague alpha-delta, 16,6% étaient entièrement vaccinés et 2,3% avaient reçu une dose booster.

Par rapport aux patients qui ont contracté la COVID-19 durant la période prévaccinale, ceux qui l’ont contractée durant la vague omicron avaient 68% et 66% de risque en moins d’en décéder dans les 14 et 28 jours respectivement (odds ratio ajusté (ORa) 0,32 [0,19-0,61] et 0,34 [0,16-0,79]). 

Par rapport aux patients atteints de cancer ayant contracté la COVID-19 durant la vague alpha-delta, ceux qui l’ont contractée durant la période omicron avaient un risque de complications dues à l’infection inférieur de 74%. Leur risque d’hospitalisation était réduit de 83%, celui du recours à un traitement spécifique de 78%, et du recours à l’oxygénothérapie de 76% .

Les patients non vaccinés diagnostiqués lors de la vague omicron présentaient une mortalité à 14 et 28 jours, un taux d’hospitalisation et de complications post-COVID semblables à ceux qui avaient contracté l’infection durant la vague alpha-delta.