COVID-19 : à chaque comorbidité correspond un dérèglement immunitaire

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

Une étude qui s’est intéressée à la signature immunitaire associée aux comorbidités favorisant des formes graves de COVID-19 montre que le syndrome métabolique est associé à une altération de l’immunité innée comme de l'immunité adaptative, et pourrait expliquer l'aggravation de l’infection virale. Parallèlement, une maladie rénale chronique engendre un dérèglement des compartiments lymphoïde et myéloïde de l’immunité et peut aussi conduire à un risque accru de forme sévère de COVID-19.

Ces résultats peuvent participer au développement d’une prise en charge personnalisée des malades selon leurs spécificités immunitaires.

Pourquoi est-ce important ?

Il est parfaitement établi que certaines pathologies sont associées à un sur-risque de développer une forme grave de COVID-19. Par ailleurs, certains cas de COVID-19 s’accompagnent de phénomènes dysimmunitaires, comme par exemple l’orage cytokinique. Les liens entre une comorbidité sous-jacente et un statut immunitaire et la façon dont ce lien peut modifier la réponse au SARS-CoV-2 ne sont, en revanche, pas étudiés. Leur compréhension serait cependant utile pour identifier les sujets les plus à risque et afin de leur proposer un traitement optimisé. Aussi, cette étude visait à étudier les profils immunitaires associés aux différentes comorbidités afin d’identifier des éléments mécanistiques qui permettraient d’expliciter les liens entre comorbidités et sévérité du COVID-19.

Méthodologie

Les échantillons sanguins ont été prélevés auprès de patients hospitalisés durant les première et deuxième vagues de la pandémie dans trois hôpitaux (dont le CHU Toulouse et le CHU Nantes) afin de conduire une analyse des cellules mononucléées périphériques.

Principaux résultats

Au total 121 échantillons issus de patients ont été analysés (60 % d’hommes), comparés à ceux issus de 21 sujets témoins.

Les patients étaient majoritairement âgés de 65 ans ou plus, avec un taux de comorbidité croissant avec l’âge. Au total, 52,6% d’entre eux présentaient au moins deux pathologies. Les comorbidités les plus fréquentes étaient l’association entre l’hypertension artérielle (HTA), l’obésité et le diabète de type 2.

Tous les groupes de comorbidités tendaient à être associés à un risque accru de développer une forme sévère de COVID-19 : parmi eux, l'insuffisance rénale chronique (IRC) représentait le facteur de risque le plus significatif (OR 16,25 [1,77-148,84]).

Les chercheurs ont ensuite étudié les spécificités dysimmunitaires associées à chacune : les troubles immunitaires et la maladie rénale chronique semblent avoir l’effet le plus significatif sur la réponse immunitaire au SARS-CoV-2, suivis des comorbidités du syndrome métabolique, du cancer et des troubles pulmonaires et cardiaques.

Chez les patients souffrant d'obésité et d'hypertension, par exemple, les principaux troubles immunitaires concernaient les cellules T et l’immunité innée. Le diabète de type 2 était associé à une altération de la lignée myéloïde des cellules dendritiques. La réponse immunitaire des patients COVID-19 souffrant d'insuffisance rénale chronique ou de troubles immunitaires présentait, elle, des anomalies dans les compartiments de l’immunité à la fois innée et adaptative (dysfonctionnements au niveau des cellules dendritiques, des monocytes, des cellules T...).