COVID-19 : bilan contrasté de l’évolution des patients ayant eu des complications neurologiques

  • Frontera JA & al.
  • Neurology
  • 21 mars 2022

  • Par Caroline Guignot
  • Résumé d’articles
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À retenir

  • Le suivi prospectif d’une cohorte hospitalisée pour COVID-19 sévère montre que la grande majorité des patients conservent une altération fonctionnelle, cognitive ou neuropsychologique 12 mois après. Et ceux qui avaient eu des troubles neurologiques lors de l’infection avaient une altération supérieure à 12 mois que les autres. Par ailleurs, ils conservaient plus souvent une fatigue sévère à 12 mois que les autres.

  • Même si beaucoup de patients voient certains paramètres s’améliorer entre 6 et 12 mois, ils étaient encore près de la moitié à ne pas voir vu leur score d’autonomie fonctionnelle et de handicap évoluer au cours de cette même période.

Pourquoi est-ce important ?

Dans une étude prospective précédente, regroupant plus de 4.000 patients, une équipe américaine a montré que le risque de décès à l'hôpital était accru et la probabilité de retour à domicile était moins favorable lorsque les patients COVID-19 avaient des troubles neurologiques par rapport à ceux qui n’en n’avaient pas. Le suivi à 6 mois de ces patients avait montré la persistance de troubles fonctionnels, cognitifs et/ou neuropsychiatriques chez plus de 90% d’entre eux, avec un retentissement sur les activités de la vie quotidienne et la reprise du travail. Cette équipe a conduit une étude afin de mieux cerner les trajectoires de rétablissement à 12 mois de ces patients.

Méthodologie

Tous les patients qui avaient été admis pour COVID-19 sévère dans plusieurs hôpitaux new-yorkais entre le 10 mars 2020 et le 20 mai 2020 ont été suivis à l’issue de leur hospitalisation. Des séries de tests ont été réalisées à 6 et 12 mois après l'apparition des symptômes de COVID.

Principaux résultats

Le suivi à 12 mois était disponible pour 242 patients de la cohorte initiale. Ils avaient un âge médian de 65 ans (64% d'hommes, 34% intubés pendant l'hospitalisation), sachant que pour 174 d’entre eux, le suivi à 6 mois avait aussi pu être réalisé. Parmi eux, 47% avaient eu des complications neurologiques durant l'hospitalisation. Cependant, le taux de patients intubés, le score SOFA, les marqueurs biologiques d’intérêt (saturation minimale en oxygène et pression artérielle minimale au cours de l’hospitalisation) n’étaient pas significativement différents entre ceux ayant eu des troubles neurologiques associés au COVID-19 et les autres. Seule la sévérité de la fatigue différait significativement entre les deux groupes de patients.

À 12 mois, ils étaient 87% à présenter au moins un score d’évaluation neuropsychologique anormal : la majorité avaient un statut de handicap (échelle de Rankin modifiée, mRS)>0, 64% avaient une autonomie fonctionnelle altérée (index de Barthel<100, et 50% avaient des troubles cognitifs (tMoCA≤18). Parallèlement, ils étaient entre 4% et 10% à présenter une anxiété, une dépression, une fatigue ou des troubles du sommeil.

Selon l’analyse multivariée après ajustement sur l'âge, le sexe, l’origine, le recours à l’intubation au cours de l’hospitalisation et le statut de handicap pré-COVID (échelle de Rankin modifiée, mRS), il n'y avait pas de différence significative dans le score mRS à 12 mois de ceux qui avaient eu des complications neurologiques pendant l'hospitalisation initiale par rapport aux autres (ORa 1,4 [0,8-2,5], p=0,258). Ceux qui avaient eu des troubles neurologiques avaient plus souvent une fatigue sévère que les autres (ORa 3,18 [1,1-9,4], p=0,037).

Il était intéressant d’observer que les scores d’évaluation cognitive (t-MoCA) et d’anxiété (Neuro-QoL) se sont améliorés entre 6 et 12 mois de suivi pour 56% et 45% des patients respectivement. Des améliorations des scores de fatigue, sommeil et de dépression ont été recensées mais cette différence n’était pas significative. En revanche, plus de la moitié des patients ont conservé des scores Barthel et mRS inchangés entre 6 et 12 mois de suivi.