COVID-19 : le tabagisme est bien un facteur de risque péjoratif

  • Clift AK & al.
  • Thorax

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • Selon une étude ayant rapproché données observationnelles et randomisation mendélienne, le tabagisme constitue bien un risque de développer des formes graves de COVID-19, ainsi qu’un risque associé d’être hospitalisé ou de décéder suite à l’infection. Par rapport aux non-fumeurs, les gros fumeurs avaient un risque d’infection divisé par deux mais un risque de décès lié au COVID-19 multiplié par plus de 6. L’analyse menée à partir des variants génétiques associés à la propension à fumer ou à être un gros fumeur montre également que le tabagisme augmente le risque d’infection et d’évolution péjorative de la maladie.

Très tôt, le caractère protecteur du tabagisme sur le risque d’infection par le SARS-CoV-2 a été évoqué. Plusieurs études ont rapporté un moindre risque de mortalité associée, mais d’autres plus récentes avancent le contraire. Des différences méthodologiques peuvent expliquer ces divergences. Afin de trancher la question, des chercheurs britanniques ont conduit une large étude observationnelle en deux parties : la première a consisté à évaluer les risques d’infection, d’hospitalisation et de mortalité associés au SARS-CoV-2, la seconde à évaluer ces chiffres à partir d’une randomisation mendélienne en mettant en regard ces évènements avec la propension génétique à commencer à fumer.

Méthodologie

L’étude a été conduite au sein de la cohorte UK Biobank, qui a inclus un demi-million de personnes entre 2006 et 2010. Les chercheurs ont recensé tous les cas confirmés de COVID-19 parmi la population de cohorte qui était encore en vie début 2020.

Pour la première partie de l’étude, les patients ont été classifiés en fumeurs actifs (petits, moyens ou gros selon leur consommation quotidienne), anciens fumeurs et personnes n’ayant jamais fumé (‘non-fumeurs’). Pour l’analyse de randomisation mendélienne, 378 variants associés à l’initiation du tabagisme et 55 associés à la sévérité du tabagisme ont été sélectionnés à partir des données de la littérature et recherchés parmi les participants.

Principaux résultats

L’analyse observationnelle a été menée à partir de 421.469 individus (âge médian 68,6 ans, 55,1% de femmes). Au cours de la période d'étude, 3,2% d’entre eux ont eu un test dont 0,4% ont eu une infection confirmée par PCR (n=1.649). Au total, 0,2% ont été hospitalisés dont 15,9% en soins intensifs. In fine, 444 (0,1%) sont décédés.

Par rapport à ceux n'ayant jamais fumé, les anciens fumeurs présentaient un risque ajusté plus élevé d'infection (OR 1,34 [1,21-1,48] après ajustement pour l'âge et le sexe et 1,26 [1,13-1,40] après ajustement complet. Le risque des fumeurs actuels était comparable à celui des non-fumeurs. En revanche, les gros fumeurs (≥20 cigarettes/jour) avaient un risque réduit d'infection (ORa 0,50 [0,29-0,89] et 0,55 [0,31-0,99] pour les deux ajustements). Parallèlement, le risque d’hospitalisation et de décès était augmenté chez les fumeurs anciens ou actifs : l’OR ajusté était de 1,31 [1,14-1,50] et 1,80 [1,26-2,29] respectivement après ajustement complet. Chez les gros fumeurs, le risque de décès lié au COVID-19 était également multiplié par plus de 6 (ORa 7,44 [4,42-12,49] ou 6,11 [3,59-10,42] pour les deux ajustements).

L’analyse après randomisation mendélienne a été conduite à partir de 281.105 individus, parmi lesquels 1.011 cas d’infection, 600 cas d’hospitalisation et 291 cas de décès liés au SARS-CoV-2 ont été recensés. Il existait bien une association entre l’existence de variants génétiques liés aux comportements tabagiques (initiation ou sévérité) et le risque ou le pronostic (hospitalisation, décès) de l’infection.