COVID-19 : données françaises chez les sujets transplantés hépatiques

  • Dumortier J & al.
  • Clin Res Hepatol Gastroenterol

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Les sujets transplantés d’organes solides ont un risque accru de complications post-infection ce qui les classent dans le public à haut risque de forme grave de COVID-19. Une étude observationnelle française menée chez les transplantés hépatiques met en évidence que :

  • Les sujets transplantés hépatiques présentent les mêmes symptômes généraux de la maladie que la population générale (toux, fièvre...),
  • Environ 1/3 des sujets ayant contracté l’infection par SARS-CoV-2 ont pu être traités à domicile,
  • Le taux de mortalité à 30 jours était de 20% pour l’ensemble de la population du registre et 28,1% chez ceux ayant été hospitalisés,
  • Tout comme dans la population générale, l’âge a également un impact significatif sur la sévérité et la mortalité de ces sujets.

Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?

Selon l’Agence nationale de biomédecine, l’incidence du COVID-19 serait de 0,7% chez les sujets transplantés (valeur probablement sous-estimée). Les données concernant la présentation clinique de l’infection à SARS-CoV-2 chez les receveurs de greffes d’organes ainsi que le pronostic de ces sujets restent encore limitées.

Méthodologie

Cette étude a analysé des données issues du Registre national français des receveurs de greffes d’organes solides et a concerné plus spécifiquement les receveurs de greffon hépatique. Les sujets inclus dans les analyses devaient avoir eu un test PCR positif, ou présenter des lésions pulmonaires caractéristiques d’une infection par SARS-CoV-2 ou des anticorps spécifiques au virus.

Résultats

Sur les 104 sujets receveurs de greffe hépatique (91 adultes, 13 enfants) atteints du COVID-19 et inclus dans l’étude, 67 ont nécessité une prise en charge hospitalière (âge médian 65,2 ans, 2/3 d’hommes) et 37 ont été pris en charge à domicile. La durée médiane du suivi était de 92 jours (aucun patient n’était plus en unité de soins intensifs à l’issue du suivi).

L’infection par SARS-CoV-2 était survenue après une période médiane de 92,8 mois post-transplantation hépatique. Le délai médian entre la survenue des premiers symptômes et l’hospitalisation était de 6 jours. Fièvre (70%), toux (64%) et dyspnée (63%) constituaient les symptômes les plus fréquents en lien avec l’infection.

Parmi les sujets hospitalisés, nombre d’entre eux étaient en surpoids (67,3%), ou hypertendus (61,2%). D’autres comorbidités étaient fréquemment retrouvées, comme le diabète (50,7%), les maladies cardiovasculaires (20,9%) et les maladies respiratoires (16,4%).

Si 92,2%, 64,2%, 14,9% et 22,4% des sujets étaient traités par inhibiteurs de la calcineurine, antimétabolites et inhibiteurs mTOR à l’admission hospitalière, ceux-ci étaient suspendus durant le séjour hospitalier chez respectivement 12,5% 41,9%, 30,0%, des sujets. Aucune biopsie hépatique n’a été réalisée et en dehors d’un patient décédé, aucun rejet de greffe prouvé n’a été mis en évidence. Au global, 33% des sujets adultes ont eu un COVID jugé sévère dans les 30 jours post-diagnostic (critère composite d’évaluation principale) et 44,8% parmi les sujets hospitalisés. Le taux de mortalité à 30 jours de l’ensemble de la population a atteint 20% et même 28,1% chez ceux qui avaient été hospitalisés. Des analyses multivariées ont permis de mettre en évidence que la dyspnée et la fièvre étaient des facteurs de risque indépendants de COVID-19 sévère et que seul l’âge était un facteur indépendant de mortalité par COVID-19 chez cette population.