Couverture vaccinale anti-HPV : comment faire mieux ?

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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A retenir :

  • La couverture vaccinale anti-HPV est de 29,4% pour une dose à 15 ans et 23,7% pour le schéma complet à 16 ans, ce qui est très insuffisant et nettement inférieur à ce qui est observé dans d’autres pays européens
  • Il est nécessaire de renforcer les efforts en termes d’information et de promotion de cette vaccination, éventuellement en s’inspirant d’interventions ayant déjà montré leur efficacité à l’étranger
  • Par exemple, la couverture vaccinale est généralement plus élevée dans les pays où la vaccination est organisée par la médecine scolaire et où il existe un système de rappels par lettres, e-mails, sms, appels téléphoniques…

 

Entre 2011 et 2015, la couverture vaccinale anti-HPV a fortement diminué, notamment suite à la publication d’articles dans la presse grand public mettant en cause la sécurité de cette vaccination. Elle a ensuite augmenté entre 2016 et 2018 pour atteindre 29,4% pour une dose à 15 ans et 23,7% pour le schéma complet à 16 ans. Le rattrapage effectué entre 16 et 20 ans reste modéré. Le HPV se transmettant essentiellement par voie sexuelle, il est important que les jeunes filles soient vaccinées avant le début de leur vie sexuelle.

Malgré une tendance à la hausse, la couverture vaccinale anti-HPV reste très insuffisante en France et nettement inférieure à celle observée dans d’autres pays européens. Les freins à la vaccination sont multiples. Tout d’abord le contexte français est marqué par une hésitation vaccinale dans la population vis-à-vis de certains vaccins. Cette hésitation a été estimée à 48% pour les vaccins en général chez les parents d’adolescentes. Concernant la perception de la balance bénéfice-risque du vaccin contre les infections à HPV, 24% avaient une opinion défavorable et 38% avaient des doutes sur l’efficacité ou la sécurité du vaccin. Cette vaccination fait également l’objet de questionnements de la part des professionnels de santé.

Il est donc nécessaire de renforcer les efforts, déjà fournis, en termes d’engagement, d’information et de promotion de cette vaccination. On peut s’inspirer d’interventions ayant déjà montré leur efficacité à l’étranger, par exemple :

  • Les interventions mettant en place un système de rappels (lettres, e-mails, sms, appels téléphoniques…) sont les plus représentées. Elles sont généralement efficaces sur toutes les populations, tous les âges et toutes les catégories socio-professionnelles. De plus, elles sont faciles à mettre en place, même si elles peuvent être considérées comme chronophages.
  • Les interventions visant à améliorer l’accessibilité (ex : programmes de vaccination à l’école) augmentent le plus souvent la couverture vaccinale et diminuent les inégalités sociales en atteignant une plus large population. En revanche, leur faisabilité peut être entravée par des difficultés logistiques et une faible acceptation de certains parents. Il est donc intéressant d’associer, en amont de ces programmes de vaccination, des interventions agissant sur l’hésitation vaccinale des jeunes et de leurs parents.
  • Les stratégies globales multi- composantes et multi-cibles obtiennent les meilleurs résultats sur la couverture vaccinale : par exemple, les interventions auprès des professionnels de santé semblent être plus efficaces sur l’initiation de la vaccination tandis que celles ciblant la famille et le patient sont plus efficaces sur la complétion du schéma vaccinal.
  • Les interventions ayant une action sur les comportements et les connaissances agissent directement sur l’hésitation vaccinale qui est l’une des causes majeures de la faible couverture vaccinale. En effet, le principal obstacle à la vaccination concerne le manque d’informations sur la maladie et le vaccin, la crainte d’effets indésirables et le manque de confiance s’agissant de l’innocuité des vaccins.
  • Les interventions faisant appel aux nouvelles technologies semblent être bien adaptées aux jeunes populations, sont facilement reproductibles et présentent l’avantage d’atteindre de nombreux individus pour un coût peu élevé.
  • Les interventions ciblant les professionnels de santé, et surtout les médecins généralistes, sont souvent très efficaces car l’hésitation vaccinale ne touche pas que les parents et les jeunes : dans une étude réalisée en 2014 auprès de médecins généralistes, 17,1% recommandaient parfois la vaccination anti-HPV et 10,5% jamais. L’un des facteurs favorisant la vaccination contre les HPV est d’être suivi par un médecin généraliste favorable à la vaccination.